les dixièmes Rencontres François Rabelais à Tours sur les tendance culinairessamedi, 22 novembre 2014

L’institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation, IEHCA tient à Tours les dixièmes Rencontres François Rabelais, sous la présidence d’honneur de Pierre Hermé. On m’a demandé si je voulais intervenir dans une table ronde sur les tendances dans le domaine du vin, dont le titre est : « existe-t-il des vins tendance ? ». Pourquoi pas ?

La veille du colloque, je dîne au restaurant Au Martin Bleu
avec trois universitaires, un sociologue, un cuisinier et une créatrice de design alimentaire. On nous apporte un apéritif à bulles fait avec une crème de poires tapées « Reines de Touraine ». C’est le genre d’apéritif que normalement je fuis, mais il n’est pas question de se singulariser.

Le vin qui est prévu pour le repas est une Cuvée Pointe d’Agrumes Touraine 2013
faite de 100% sauvignon blanc. J’ai observé les convives et leur rapport avec ce vin. Personne n’en a parlé, personne n’a cherché à savoir ce que les autres en pensaient. Si l’on admet que le vin a une fonction essentiellement conviviale, on peut en conclure que nous n’avons pas bu de vin. Car ce Touraine n’apporte aucune envie de le commenter, sauf à dire : « ah oui, ça sent l’agrume ». Le vin n’a eu pour effet que de donner un peu d’alcool dans nos veines.

A l’inverse, la cuisine est beaucoup plus brillante. Des mini-brioches à l’espadon sont goûteuses, le foie gras est grand, le poisson est vraiment bon et l’on mange la peau croquante avec plaisir.

Le lieu de type brasserie offre une cuisine simple et plaisante. Alors que l’on va demain parler de tendances culinaires, le choix du vin est un acte manqué en regard des objectifs du colloque.

Le Grand Hôtel du Centre qui jouxte la monumentale gare de Tours est lui aussi un monument historique. On a l’impression d’entrer dans l’hôtellerie d’il y a soixante ans. Même si les sanitaires ont été rénovés, c’est un autre monde de l’hôtellerie dans lequel on s’immerge. L’insonorisation est une notion totalement oubliée.

Après une nuit courte, je me rends à l’Université Rabelais de Tours et le colloque démarre. Comme à chaque réunion formelle, les remerciements sont à rallonges et les propos définitifs de chaque instance concernée sont à graver dans le marbre.

Le premier atelier est celui des nouvelles tendances culinaires, avec la participation de Pierre Hermé. Il faut bien que j’y participe puisque mon atelier parlera de vins tendance. Si les universitaires cherchent comment se fabriquent les tendances, Pierre Hermé balaie ces notions en disant que ses créations sont influencées par ses envies, ses lectures, ses rencontres de goûts. Il essaie de faire revivre ses expériences dans ses créations sans être guidé par d’improbables tendances.

Après les travaux du matin, nous allons déjeuner dans les locaux du monumental hôtel de ville de Tours. Victor Laloux, l’architecte de la gare d’Orsay à Paris est l’auteur de cette construction emphatique et ampoulée, ainsi que de l’ostensible gare de Tours. Les volumes rabelaisiens seraient inenvisageables aujourd’hui. Dans la grande galerie à la décoration surchargée, de jeunes élèves d’une école de cuisine locale encadrent des stands où l’on peut choisir de quoi se restaurer. Je prendrai un bouillon de poule au foie gras et chèvre frais dont le fromage est trop fort et gênant, un velouté de potimarron, chantilly au lard plaisant, un confit de bœuf à la fève de Tonka, purée d’igname agréablement mangeable, que j’accompagnerai d’un Crémant de Loire brut rosé domaine de la Gabillière
qui n’est pas déplaisant, au point que je m’en suis resservi un verre.

La table ronde à laquelle je participe est animée par le rédacteur en chef du magazine « Le vin ligérien ». A ses côtés, un américain vivant à Dijon, sociologue, ex-pâtissier et homme de cuisine, le directeur du syndicat des vins de Bourgueil et moi. A la question « existe-t-il des vins tendance ? » nous répondons plutôt qu’il y a des tendances longues dans le monde du vin, comme il y en a toujours eu, plutôt que des phénomènes de mode et nous en dissertons. Un dialogue s’instaure avec la salle, composée d’une majorité de jeunes qui se destinent aux métiers de la restauration, du vin ou du tourisme.

J’ai écouté l’une des conférences suivantes sur le sujet de l’évolution de la pâtisserie, absolument passionnante grâce aux réflexions de Pierre Hermé sur sa profession.

Le dîner se passe une nouvelle fois au restaurant Au Martin Bleu
avec une quinzaine de personnes, essentiellement des universitaires mais aussi des designers, journalistes, un ethnologue et un sociologue. Comment est-il possible de proposer un menu à 22 € qui comprend une poêlée de Saint-Jacques, mâche et betterave / pavé d’omble chevalier à la peau, purée et beurre rouge / poires tapées et pruneaux de Tours à l’hypocus et glace vanille, quand en plus c’est très bon ? On ne peut qu’encourager une telle cuisine.

L’apéritif au crémant et une liqueur qui évoque l’amande m’est quasiment impossible à boire. Je n’ai même pas noté le nom du vin blanc de peu d’intérêt.

Il est toujours intéressant de confronter des idées avec des universitaires. Je ne sais pas si ces congrès font avancer la cause de la gastronomie et du vin, mais les rencontres individuelles donnent toujours de nouvelles pistes de réflexion.

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la salle de réception de la mairie de Tours

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dîner du 2ème soir

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