Dégustation et dîner au siège du champagne Pol Rogervendredi, 18 avril 2014

Peter, un jeune ami écossais fait avec Sarah sa compagne un véritable marathon en Champagne, car, lorsque je les rejoins au siège de la maison Pol Roger, ils sont déjà 550 champagnes à leur actif en une semaine. A ce point l’amateurisme devient un sacerdoce. Christian de Billy a 86 printemps et vient toujours dans l’entreprise. Je bavarde avec lui en attendant notre hôte, Laurent d’Harcourt, président du directoire de la maison Pol Roger.

Nous commençons par une visite de cave et des chais. Il y a 7,5 kilomètres de galeries où sont stockées environ neuf millions de bouteilles. C’est impressionnant. On imagine aisément la ville d’Epernay comme un gigantesque gruyère. Ce qui m’intéresse au plus haut point, c’est la cave des vins anciens, qui recèle des trésors.

Nous allons ensuite en salle de dégustation pour goûter ce qui est commercialisé en ce moment.

Le Champagne Pol Roger « Pure » non millésimé est non dosé et fait à 75% de vins de 2009 et à 25% de vins de réserve des trois années précédentes. Le vin a une belle tension avec des notes de citron. Il est très sec, dur, et peu charmeur. Il faut du courage pour boire ce vin bien fait mais extrême.

Le Champagne Pol Roger Brut sans année est aussi à base de 2009 et a été mis en bouteille en 2010. C’est ce vin qui est livré actuellement. Il est très agréable, citronné avec un beau fruit. S’il est un peu dur, je l’aime bien pour sa belle structure et pour son beau final.

Le Champagne Pol Roger blanc de blancs 2004 est fait sur une base de grands crus. Il a été dégorgé en décembre 2013. Je le trouve très noble. Il est bien fait, prêt à boire, mais vieillira très bien. Il provient de parcelles de la côte des blancs de nombreuses communes.

Le Champagne Pol Roger Vintage 2004 est un assemblage de 60% de pinot noir et de 40% de chardonnay. Il y a des vins de grands crus et de premiers crus. Il a plus de charme que le précédent, plus de rondeur. Il est sexy, riche, beau, facile à boire, alors que le blanc de blancs est plus racé et plus profond.

Le Champagne Pol Roger rosé 2006 est difficile à boire après les blancs. Il a un beau final assez doux et expressif. Il est fait d’un assemblage de vins blancs et de vins rouges de Bouzy et d’Ambonnay.

Le Champagne Pol Roger cuvée Winston Churchill 2000 est de belle couleur déjà légèrement dorée. Il a une belle personnalité, assez fluide. Il est plus charmeur en milieu de bouche qu’au final que je trouve un peu court. Il y a des fruits blancs et jaunes comme je les aime. Nous n’avons pas goûté le champagne très dosé qui complète la gamme disponible à la vente.

Nous emportons nos verres du 2000 avec nous pour profiter du magnifique soleil du soir sur la terrasse de la noble demeure. Une chiffonnade de dorade sur canapé donne un coup de fouet bénéfique au Winston Churchill 2000 qui avait bien besoin d’un soutien de ce type. J’en profite pour ouvrir le vin que j’ai apporté, un Château Chalon Fruitière Vinicole de Voiteur 1964 dont le parfum est magique.

Nous passons à la salle à manger. Le menu créé par le chef Jean-Jacques Lange est : noix de Saint-Jacques, galette au parmesan / suprême de pintade aux morilles / brebis et comté / soupe de fruits rouges. C’est l’un des menus les plus adaptés au champagne que j’aie jamais trouvé dans une maison de champagne. Bravo le chef et la chef que nous avons félicitée.

Le Champagne Pol Roger blanc de blancs 1999 a une très jolie maturité. Il se boit bien car il a pris une rondeur de bon aloi. Il forme avec la sauce des coquilles Saint-Jacques un accord superbe.

Le Champagne Pol Roger cuvée Winston Churchill 1996 que je connais bien est fidèle à l’image que j’en ai. C’est un champagne noble mais qui ne crée pas de saut gustatif majeur.

Le Champagne Pol Roger Vintage 1973 a un final désagréable et dévie aussi une deuxième bouteille de ce champagne est ouverte, mais Laurent d’Harcourt signale qu’elle est bouchonnée. C’est vraiment mineur car quelques minutes après, ce défaut disparaît mais le plaisir n’est pas entier. C’est la superbe sauce de la pintade qui a gommé le vilain défaut de ce 1973.

Le secours vient d’une bouteille déjà ouverte pour le déjeuner, un Champagne Pol Roger Brut Chardonnay 1988. L’aération qu’il a eue lui fait du bien car c’est lui le vainqueur des vins de ce repas. Il a une opulence, une plénitude en bouche qui est spectaculaire. C’est un très grand champagne.

Le Château Chalon Fruitière Vinicole de Voiteur 1964 est d’une sérénité et d’une force de conviction extrêmes. Et comme chaque fois, le pont se crée entre le vin jaune et les champagnes. Il donne de l’ampleur au Winston Churchill, ce qui lui fait du bien, et il forme un duo avec le 1988. C’est un magnifique Château Chalon dont on remarque la jeunesse malgré ses 50 ans.

Le Champagne Pol Roger rosé 1996 est un compagnon naturel des desserts à fruits rouges. Il trouve sa place, mais Laurent d’Harcourt a la bonne intuition, il fait servir à nouveau du comté pour que nous finissions sur les combinaisons infinies des champagnes blancs avec le vin jaune.

Peter m’a demandé en fin de repas mes préférences. Ce sont : 1 – le 1988, 2 – le Château Chalon 1964, 3 – le Winston Churchill 1996 que je mettrais volontiers ex aequo avec le 1999 qui a fait une belle impression.

Je rêvais depuis toujours de venir visiter la maison Pol Roger. Mon vœu est exaucé et il renforce encore un peu plus mon amour pour ce vin que j’adore.

Sarah et Peter vont demain visiter trois domaines que je connais et que je considère comme mes chouchous. Ils me tentent en me demandant de les accompagner. J’ai résisté !

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