Cancun et les Mayaslundi, 18 janvier 2010

Voyage de Silke et François Audouze janvier 2010

 

Ce compte-rendu de voyage a été rédigé pour garder la mémoire des événements qui nous ont marqués. Il n’a normalement pas sa place sur le blog, puisqu’on n’y parlera pas de vin. Il ne sera pas inclus dans les bulletins. Il a été mis dans l’année 2001, pour ne pas dévier du contenu qui est destiné au vin.

 

Début de notre séjour à Cancun

 

Cancun

 

16 janv.-10

 

Nous partons pour Santiago. L’attente à l’enregistrement est particulièrement longue. L’avion est en retard, aussi, quand il stoppe à notre porte d’embarquement, nous avons tout loisir de regarder à travers le vitrage toutes les opérations qui sont faites lorsqu’un avion arrive. Nous voyons notamment le déchargement des colis postaux. Ils sont jetés sans ménagement, et la fragilité ou les indications de « haut » et « bas » sont absolument ignorées par le manutentionnaire qui jette tout ce qu’il décharge. Un carton protégé par des bandes adhésives se brise lorsqu’il est projeté sur le plateau de réception.

 

Nous voyons aussi le chargement des valises et nous cherchons à voir si nos bagages embarquent, car il y a deux vols distincts pour Santiago. Deux valises sont écartées par le préposé, qui ne doivent pas être de notre vol. On peut imaginer l’inverse, c’est-à-dire que des valises soient rejetées à l’autre vol car appartenant à celui-ci.

 

L’avion est plus petit et nous sommes plus serrés qu’à l’aller. Deux heures après notre départ, nous atterrissons. Cela ne correspond pas au temps qu’il faut pour aller à Santiago. On nous dit que nous sommes arrivés à Puerto Montt. Nous serions-nous trompés d’avion ? Car jamais nous n’avons été informés d’une correspondance. En fait, c’est bien une correspondance et nous poursuivrons jusqu’à Santiago. Je commence à me dire qu’un arrêt intermédiaire, c’est une occasion de plus de perdre des valises. Cela fait partie de mes petites obsessions et angoisses.

 

Nous arrivons à Santiago avec une demi-heure de retard. Il est 22 heures. Nos valises sont là, l’accueil prévu est là. Vicente parle un français parfait car il a étudié à Lyon. Il fait bon, l’air est agréable, même si la pollution se sent. Nous allons à l’hôtel Ritz-Carlton qui est dans un quartier d’affaires où les buildings poussent comme des champignons.

 

Nous l’avons enfin l’hôtel de luxe que nous recherchons depuis le début ! Hélas, nous n’aurons pas beaucoup de temps pour en profiter, car nous arrivons à 23 heures et nous repartons demain à 7 heures. Mais quand même, respirons l’odeur du luxe. La chambre est grande spacieuse, fonctionnelle, et il y a une logique d’utilisation à deux personnes d’une même chambre. Bien sûr, on pourrait faire mieux, car les toilettes, si elles sont isolées, ont leur accès par la salle de bain au lieu d’avoir un accès distinct. Mais ne chipotons pas, c’est agréable.

 

Nous allons prendre un dîner succinct sur une terrasse en plein air. L’atmosphère est agréable. Seul petit détail qui ne colle pas avec un palace : le restaurant ferme normalement à minuit. Mais deux tables dont la notre sont encore occupées sur la terrasse. Cela n’empêche pas l’un des serveurs de venir enlever toutes les bougies d’éclairage puisqu’il est minuit.

 

17 janv. 10

 

A 5h55 un appel nous réveille, comme nous l’avions demandé, et à 5h56 le chariot de petit-déjeuner pénètre dans notre chambre. Ça c’est la classe. A l’heure dite Vicente est à la réception. Il faut reconnaître que le service d’accompagnement a fait un sans-faute qui mérite les éloges.

 

Nous sommes très en avance pour les formalités à l’aéroport qui à cette heure est noir de monde. On a atteint les limites de capacité d’un tel aéroport ce qui justifie les travaux d’agrandissement en cours. J’écris de l’agréable salon d’attente de la classe affaires. Dans peu de temps, départ pour Cancun. Si Vicente nous a fait arriver si tôt, c’est parce que le 17 janvier est le grand jour de l’élection présidentielle. Il a eu peur d’une fébrilité de la circulation un jour de vote.

 

Le vol par la compagnie chilienne est direct pour Cancun. Bien que choyés en classe affaires, nous ne sentons pas la chaleur humaine et le sens du service que nous avons connu sur d’autres vols.

 

Cancun est un aéroport très actif, et l’attente au passage en douane est assez longue. Les bagages sont déjà arrivés quand nous avons franchi la douane, et comme des préposés les enlèvent de leur carrousel, la recherche n’est pas simple.

 

La corporation des porteurs a été astucieusement protégée. Car les caddies sont interdits à partir d’un certain point, très en amont de la sortie. Alors que faire avec autant de valises ? Je n’ai aucune envie de subir ce coup forcé, aussi Silke reste avec quelques valises et je sors avec deux d’entre elles. Je trouve notre chauffeur qui pour une fois n’est pas accompagné d’un guide. Quand je veux rentrer à nouveau dans l’aéroport pour retrouver Silke, on m’interdit l’accès. Cela m’énerve mais rien n’y fait. Et à ce moment, une bonne âme se présente, qui va arranger tout. Je n’aurai donc pas échappé au syndicat des porteurs, le mien m’ayant prévenu en anglais : « j’espère que vous allez me donner un gros pourboire ».

 

Nous quittons l’aéroport en direction du Tulum, vers l’hôtel Esencia. La route prend un peu plus d’une heure. Tout au long du chemin, le nombre de centres de vacances est impressionnant. Et ce qui frappe encore plus ce sont les entrées monumentales de ces paradis pour touristes. C’est le Club Méd à la puissance dix. Comme très souvent ces hôtels ou résidences sont choisis par internet, à quoi sert-il que les façades soient aussi disproportionnées ? Je ne sais.

 

Nous arrivons au petit hôtel Esencia dont l’entrée est directement sur l’autoroute, et la voiture parcourt à peine quelques mètres puis s’arrête. Voilà un hôtel bien près de la route, me semble-t-il. Erreur. Car la petite hutte en paille proche de la route n’est qu’un point d’accueil. L’agent qui nous reçoit ne nous dit quasiment rien. Il nous suggère de nous asseoir dans un rickshaw pour rejoindre notre chambre, mais c’est une plaisanterie car les pneus sont dégonflés. C’est une décoration. Voyant la hutte de paille, Silke tremble de devoir recommencer une expérience analogue à celle de nos yourtes. Nous grimpons dans une petite voiture de golf électrique qui serpente dans un jardin tropical d’une grande richesse. Ici, tout est luxuriant. Une jeune femme nous tend la main et se présente et l’homme d’accueil s’efface. Par une longue marche, nous arrivons au spa que la responsable nous fait visiter, puis nous continuons vers la maison centrale où se trouve la réception. Devant cette maison, deux belles piscines dans un beau jardin, puis une belle plage de sable fin donnant sur l’océan. La plage est quasi privative, réservée aux clients de l’hôtel. Tout est décoré avec un goût exquis et le confort semble parfait.

 

Nous accédons à notre chambre spacieuse, joliment décorée et très bien équipée. La piscine privée annoncée dans notre programme est tout au plus un mini jacuzzi. Mais tout nous plaît dans ce lieu paradisiaque. Et le fait qu’il s’agisse d’un hôtel de petite taille nous plaît encore plus.

 

Nous commençons à prendre possession de la chambre et nous allons dîner dans une grande hutte en plein air. Le repas est sommaire mais bien exécuté. Nous nous sentons vraiment en vacances. Il nous fallait absolument enfin connaître cet état.

 

La félicité n’est jamais complète, car la douche est un nouveau calvaire. Il se peut que je sois obsédé par les douches mais je ne vois pas pourquoi une douche ne remplirait pas la fonction qui lui est impartie. Ici, du fait d’un débit bas d’eau chaude, dès qu’on ajoute de l’eau froide, l’eau devient froide. Et si l’on referme l’eau froide, l’eau devient bouillante. Pourquoi ne pas préserver ce que doit être la douche, le moment privilégié où l’on reconstruit le monde, où l’on rassemble ses idées, ou bien où l’on se prend pour Pavarotti. La douche est un moment sacré qui implique impérieusement une eau de température constante. La lutte contre les robinets est un supplice.

 

18 janv. 10

 

Une nuit réparatrice est un vrai cadeau. A L’heure dite le petit déjeuner arrive. Oui, ce sont de vraies vacances qui commencent. Pendant que nous mangeons je crois apercevoir un chien curieux qui s’approche de nous. C’est en fait un coati curieux qui cherche sans doute une victuaille égarée.

 

Après ce petit-déjeuner simple mais bon, la douche me paraît plus clémente. J’ai osé choisir la pomme de douche plus large qu’une soupière, fixe bien sûr, que j’exècre normalement. Elle fut plus efficace que celle de la veille, de la taille d’une tasse à café, et orientée de biais.

 

Notre guide Antonio et le chauffeur Teodoro nous attendent à l’entrée de l’hôtel avec une camionnette qui emporterait facilement dix personnes. Heureusement elle n’est que pour nous. Antonio est un Maya, descendant des Mayas, et fier de l’être. Teodoro est un mexicain du centre du Mexique. Il conduit vite, double sans se soucier des lignes blanches continues et je vois le compteur qui indique 130 km/h quand les panneaux indiquent 60. Faut-il s’arrêter à de tels détails ?

 

Après une heure de route nous arrivons au site Maya de Coba. Ce site a commencé d’exister vers 600 après J.C., et a eu sa période de gloire entre 600 et 800. L’entrée grouille de monde de toutes nationalités. Les bus sont alignés en files impressionnantes. Antonio nous fait passer par un point de passage obligé : demander que l’on édite pour nous des dates qui comptent, présentées selon le calendrier Maya. Les affichettes seront prêtes lorsque nous sortirons de la visite.

 

Nous entrons dans le vaste parc de 70 km². Antonio nous avait promis un kilomètre de marche. Nous en ferons environ six, dans une forêt luxuriante. Dans une allée nous voyons un grand papillon aux ailes d’un bleu azur brillant absolument magnifique. Nous verrons aussi un petit perroquet ainsi que de gros iguanes.

 

Les sites archéologiques sont intéressants, même si les restes de sculpture sont assez imprécis. Il y a deux sites dédiés au jeu de balle qui consiste à envoyer une boule de caoutchouc avec l’aide des pieds et des hanches sur une pente à près de 45° pour qu’elle passe à travers un anneau de pierre. La symbolique de cette pénétration d’une balle dans un cercle de pierre évoque les éclipses et d’autres symboles mystiques. Dans certaines circonstances ces jeux de balles finissaient par des sacrifices humains.

 

Le temple de Coba est le plus haut de tous les temples Mayas. C’est aussi celui qu’il est possible d’escalader. Il est prévu que cette permission cessera dans un an, pour la préservation du site et à la suite d’un accident.

 

Je demande à Antonio si c’est dur de faire l’escalade. Il me dit oui. Puis il ajoute : montez quelques marches, vous aurez ainsi la sensation. Antonio ne me connaît pas. Car une fois sur la pente spectaculairement haute, de 42 mètres qui en paraissent plus, je décide d’aller jusqu’en haut. En haut, l’escalier est fermé par un mur. Et pour aller sur la terrasse, il faut faire un crochet sur les côtés, presque dans le vide. C’est mort de peur que je fais ce crochet, me souvenant seulement à cet instant que je suis sujet au vertige.

 

J’ai du mal à prendre des photos des marches vues du haut, car j’ai peur. Je lève les yeux, et ce qui impressionne, c’est que devant moi il n’y a que de la forêt et quelques lacs. On ne voit, dans cet axe, aucune habitation. C’est spectaculaire. Je redescends en me tenant à la grosse corde qui est posée sur toute la longueur de l’escalier. Je suis prudent et peureux, refusant de regarder vers le bas, mon champ de vision se limitant aux deux ou trois marches à venir.

 

C’est effectivement très excitant de me dire que j’ai gravi la plus haute des constructions Mayas du Honduras et que cette possibilité n’existera plus.

 

Après la visite, Antonio nous propose de déjeuner aux abords du site. J’ai peur de ces gargotes pour touristes. Le restaurant bar « La Piramide » ne paie pas de mine. Il est en face d’un lac où vivent des crocodiles, mais nous n’aurons pas la chance de les voir. Le restaurant propose un buffet. Nous avons mangé une soupe de poule très convenable et la préparation de poulet épicé que j’ai prise est délicieuse. Il faut réviser toute opinion sur les baraques à touristes.

 

Nous partons ensuite sur le site archéologique de Tulum, qui date des années 1200, donc nettement plus tard que Coba. Sa caractéristique principale est d’être sur la mer des Caraïbes et d’être un village fortifié rectangulaire dont un côté est la mer, face au récif corallien. Les architectures sont plus complexes et il y a des vestiges de fresques, dont malheureusement nous n’apercevons que des bribes. C’est l’occasion pour Antonio de nous expliquer les différents dieux, qui sont honorés dans divers bâtiments qui entourent le temple principal dédié au dieu volant.

 

L’entrée du temple est trustée par les marchands de produits artisanaux. Des mayas déguisés se font photographier près des touristes. De faux mayas dansent des danses tribales autour d’un mât qui doit servir à de périlleuses acrobaties que nous ne verrons pas. Des wagonnets tirés par un tracteur agricole nous emmènent vers l’entrée du site, pour éviter que tous les bus et les voitures ne viennent polluer le site proche de l’océan.

 

Antonio nous a donné beaucoup d’explications dans un français très pur. Nous rentrons à l’hôtel. L’heure est à la baignade. La plage de sable fin est équipée de chaises longues abritées du soleil ou des plagistes posent des serviettes douces. Nous prenons notre premier bain dans la mer des Caraïbes. Silke boit un jus d’ananas et je bois une Corona. Ces boissons ont un goût de paradis. A côté de nous un photographe de mode, flanqué de toute une équipe de maquilleurs, éclairagistes, scénaristes et autres, photographie une très jeune fille, sans doute pour un article sur les maillots de bain.

 

Nous retournons à notre chambre. Silke m’a précédé. Elle est installée dans la mini piscine privative, attachée à notre chambre. Je n’y serais pas allé spontanément, mais Silke me dit : « c’est génial ». Je m’y plonge et l’eau est aussi chaude que dans une baignoire. C’est en fait un grand jacuzzi et nous nous prélassons pendant de longues minutes dans cette eau chaude, sous un ciel de feuilles d’arbres à caoutchouc.

 

Le dîner sous la hutte est de nouveau très agréable : cocktail de crabe, côtelettes d’agneau et, pour moi, banane flambée.

 

Cette journée dans une atmosphère ensoleillée et chaude, avec une imprégnation bien présentée au monde Maya, suivie d’un farniente de luxe, c’est vraiment des vacances !