Archives de l’auteur : François Audouze

déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur vendredi, 12 avril 2024

Un ami dont la vie a de multiples facettes a en tête un possible dîner chez un restaurateur qui a eu pendant quelques années le titre de meilleur restaurant du Monde par l’un des médias les plus sérieux qui attribuent ce type de prix. Je l’invite à déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur où officie Alain Pégouret qui a fait pour moi tant de dîners au restaurant Laurent.

J’arrive à 11 heures pour ouvrir la bouteille que j’ai apportée, après un périple en voiture invraisemblablement long, car la Mairie de Paris veut dégoûter tous les banlieusards de venir à Paris. J’ai choisi un Château Gruaud-Larose-Sarget 1934. C’est en 1867 que Gruaud-Larose s’est séparé en deux Gruaud-Larose distincts, le Sarget et le Bethmann devenu Faure-Bethmann, deux propriétés distinctes qui se sont réunies grâce à Cordier en 1934, négociant qui venait de les racheter. 1934 sera le dernier millésime où l’on a distingué les deux propriétés. Nous boirons donc le dernier Sarget.

L’étiquette est belle, le haut de la capsule est doré est de grande beauté. Le niveau est entre haute épaule et mi- épaule, ce qui est acceptable pour un vin de 90 ans. Le bouchon vient en mille morceaux du fait d’un pincement du goulot qui l’empêche de monter sans se déchirer.

Le nez est prometteur et Aurélien le sympathique et compétent sommelier pense de même. Je demande à Aurélien un champagne pour le repas. Aurélien a une très grande connaissance des champagnes de vignerons qui travaillent à la pureté et l’authenticité des vins. Je goûte un champagne qui est toujours millésimé, d’un millésime très récent, et c’est un peu dur pour moi de goûter ce champagne si jeune et sans aucune concession. Aurélien me verse ensuite un champagne fait selon la forme d’une solera commencée en 1990. Il y a beaucoup plus de matière et de consistance. Ce sera le champagne du début de repas.

Ayant du temps devant moi, je vois en cuisine de beaux petits poulets qui me tentent et une préparation de lotte. Ça pourrait faire mon repas.

Mon ami arrive et nous commençons par la traditionnelle et incontournable rillette de maquereau moutardée, qui met en valeur le champagne que je n’ai pas eu le réflexe de photographier et me reste donc inconnu.

Mon menu sera lotte contisée à l’anguille fumée, cuite au beurre d’amande, une ‘rôtie’, tatin de choux et pomme granny, sauce verjutée / volaille de Luteau rôtie à l’ail noir sous la peau, celtuces et bimis, fleurette d’herbes fortes et thé matcha. Mon ami prendra un menu très différent mais nos plats s’accorderont avec le vin qui apparaît maintenant.

Quand je verse le Château Gruaud-Larose-Sarget 1934 je suis étonné de voir le vin aussi clairet. Je constate que les parois de la bouteille sont noires. Le vin a collé au verre et ce que je verse est un peu dépigmenté. Le parfum du vin m’évoque un fût en cave dont on a soulevé la bonde. Quand on sent le vin à l’intérieur du fût, on a cette odeur. Aurélien à qui je sers un peu de vin a strictement la même sensation.

En bouche, ce qui m’étonne c’est que le fruit qui s’expose est puissant. Qu’un vin de 90 ans ait un tel fruit est étonnant. Mais le vin n’a pas de puissance. Il est clairet avec une acidité délicate. Beaucoup d’amateurs seraient rebutés par le manque de consistance, mais j’aime ce vin tel qu’il est là, atypique combinant un beau fruit et une délicate acidité. J’ai connu des Gruaud-Larose beaucoup plus généreux, mais ce vin se boit bien et nous finirons la bouteille.

Le bas de la bouteille donne un vin beaucoup plus foncé, plus riche et de plus forte personnalité. Il se trouve que j’ai bu 153 vins de 1934. Je situerais le vin que nous buvons dans le troisième tiers qualitatif, mais j’ai aimé ce vin comme il s’est présenté, étonné par son aussi beau fruit.

Les deux plats ont eu des cuissons idéales. Alain Pégouret est heureux dans son restaurant, Aurélien est un sommelier pertinent et chaleureux. Nous avons avec mon ami exploré des idées à mettre en œuvre. Ce fut un beau déjeuner.

Règles pour la 40ème séance de l’académie des vins anciens du 6 juin 2024 mercredi, 10 avril 2024

Rules in English : http://www.academiedesvinsanciens.org/rules-for-the-40th-session-of-the-academy-of-ancient-wines-on-june-6-2024/

Règles pour la 40ème séance de l’académie des vins anciens du 6 juin 2024

A lire attentivement, même si vous pensez connaître tout par cœur.

Pour participer à une séance il faut suivre le cheminement habituel :

  • Si l’on vient sans bouteille de vin, respecter les dates de paiement.
  • Si l’on veut venir avec un vin, proposer un vin ancien et fournir tous éléments sur le vin, dont le niveau dans la bouteille (chaque photo ne devra pas dépasser 500 Ko et devra être lisible. Elle sera en pièce jointe et non pas dans le corps du texte )
  • Obtenir mon approbation pour la ou les bouteilles proposées
  • Respecter les critères d’âge :
  • Champagnes d’apéritif : pas de règles. Ce seront des cadeaux des académiciens qui veulent en apporter, au-delà de leur apport
  • Champagnes : avant 1997
  • Vins blancs : avant 1991
  • Vins rouges et liquoreux : avant 1972

Dates à respecter

  • Livrer les vins à partir du 10 avril et avant le 17 mai
    selon le processus décrit ici :
  • soit livrer sa bouteille au 10 place des Vosges (sonner et demander au gardien de prendre possession des vins, qu’il gardera pour moi. Son numéro : 06.05.76.24.83)
  • cette possibilité  de Place des Vosges n’est plus valable du fait du départ du gardien.
  • Il est possible de livrer au restaurant Macéo. Voir règles spécifiques ci-dessous en italiques.
  • Le restaurant Macéo accepte de recevoir les vins que vous livrerez au 15 rue des Petits Champs 75001 PARIS

    Les conditions sont les suivantes :

    Bouteilles mises dans une caisse en bois ou en carton.

    Indication précise : « académie du 6 juin » visible sur le paquet, en gros caractères.

    Aucun papier collé sur la bouteille

    Aucune mention écrite sur la bouteille

    Aucun chèque inclus dans le paquet.

    La bouteille étant dans un paquet, il n’y a aucune obligation de dérouler avec excès des rouleaux adhésifs qui rendent difficile la prise en main de la bouteille.

    Les livraisons pourront se faire en dehors des heures de service entre 11h00 et 12h00 ou entre 14h30 et 16h.

    Le directeur Adrian Williamson est prévenu.

    Attention : le restaurant Macéo sera fermé du 27/04 au 13/05. Ne vous trompez pas. Tous les vins doivent avoir été livrés avant le 17 mai.

  • ou livrer ou expédier sa bouteille à l’adresse : François Audouze Société ACIPAR, 44 rue André Sakharov 93140 BONDY.
  • Payer sa participation dans les délais prévus (avant le 22 avril)
  • Chèque à l’ordre de « François Audouze AVA » à adresser à François Audouze société ACIPAR 44 rue Andrei Sakharov 93140 BONDY, qui est de : 180 € si on apporte un vin agréé ou 290 € si on vient sans vin.
  • Ou bien avant le 22 avril pour le paiement à RIB FRANCOIS AUDOUZE AVA : FR7630003030000005024474342 (je préfère largement les virements si faciles aujourd’hui)

– Le lieu de la réunion est : RESTAURANT MACEO 15 r Petits Champs 75001 PARIS

– Heure de la réunion : 6 juin 2024 à 19h et fin impérative 0h00.

Recommandations supplémentaires :

– ne pas mettre de chèque dans le colis qui comporte votre vin. Les chèques doivent être envoyés à part (je préfère les virements).

– ne pas coller quoi que ce soit sur la bouteille. Tout ce qui est collé est difficile à enlever.

  • Le restaurant me demande de limiter à 32 personnes. D’où l’intérêt de s’inscrire vite.

Remarque générale importante :

L’expérience des 39 séances précédentes montre que je suis obligé de gérer beaucoup trop de cas particuliers au dernier moment. On va essayer de ne pas subir les impondérables.

Mettre ma secrétaire en copie de tous vos mails, à winedinners.paris@gmail.com

Nota : les apports bénévoles de fromage et de chocolat sont appréciés. Je préciserai si c’est possible.

Rules for the 40th session of the Academy of Ancient Wines on June 6, 2024 mercredi, 10 avril 2024

Rules for the 40th session of the Academy of Ancient Wines on June 6, 2024

Read carefully, even if you think you know everything by heart.

To participate in a session you must follow the usual procedure:

• If you come without a bottle of wine, respect the payment dates.

• If you want to come with a wine, offer an old wine and provide all information on the wine, including the level in the bottle (each photo must not exceed 500 KB and must be readable. It will be attached and not in the text of the email)

• Obtain my approval for the proposed bottle(s)

• Respect the age criteria:

• Aperitif champagnes: no rules. These will be gifts from academicians who want to bring them, beyond their contribution

• Champagnes: before 1997

• White wines: before 1991

• Red and sweet wines: before 1972

Dates to respect

• Deliver the wines from April 10 and before May 17

according to the process described here:

• either deliver to restaurant Macéo according to new rules :

The Macéo restaurant accepts to receive the wines that you will deliver to 15 rue des Petits Champs 75001 PARIS

The conditions are as follows:

Bottles placed in a wooden or cardboard box.

Precise indication: “Academy of June 6” visible on the package, in large letters.

No paper stuck on the bottle

No mention written on the bottle

No check included in the package.

As the bottle is in a package, there is no obligation to excessively unroll adhesive rolls which make it difficult to hold the bottle.

Deliveries can be made outside of service hours between 11:00 a.m. and 12:00 p.m. or between 2:30 p.m. and 4:00 p.m.

Director Adrian Williamson has been notified.

Please note: the Macéo restaurant will be closed from 04/27 to 05/13. Do not be mistaken. All wines must be delivered before May 17.

• either send your bottle to the address: François Audouze Société ACIPAR, 44 rue André Sakharov 93140 BONDY.

• Pay your participation on time (before April 22)

• Check payable to « François Audouze AVA » to be sent to François Audouze company ACIPAR 44 rue Andrei Sakharov 93140 BONDY, which is: €180 if you bring an approved wine or €290 if you come without wine.

• Or before April 22 for payment to RIB FRANCOIS AUDOUZE AVA: FR7630003030000005024474342 (I much prefer the transfers which are so easy today)

– The location of the meeting is: RESTAURANT MACEO 15 rue des Petits Champs 75001 PARIS

– Time of the meeting: June 6, 2024 at 7 p.m. and mandatory end at 12:00 a.m.

Additional recommendations:

– do not put a check in the package containing your wine. Checks must be sent separately (I prefer wire transfers).

– do not stick anything on the bottle. Anything stuck on is difficult to remove.

• The restaurant asks me to limit it to 32 people. Hence the interest in registering quickly.

Important general note:

The experience of the 39 previous sessions shows that I am forced to manage far too many special cases at the last moment. We will try not to suffer the imponderables.

Copy all your emails to my secretary at winedinners.paris@gmail.com

Note: voluntary contributions of cheese and chocolate are appreciated. I will clarify if this is possible.

Bulletins du 1er semestre 2024, du numéro 1014 à … mercredi, 10 avril 2024

Bulletins du 1er semestre 2024, du numéro 1014 à …

Pour lire le bulletin de votre choix, on clique sur le lien pour ouvrir le pdf de ce bulletin

To read a bulletin, click on the link of this bulletin.

(bulletin WD N° 1022 240411)    Le bulletin 1022 raconte : près d’Avignon, déjeuner au restaurant Le 7, pour une impressionnante dégustation verticale des vins de Trévallon avec les héritiers d’Eloi Dürrbach.

(bulletin WD N° 1021 240403)    Le bulletin n° 1021 raconte : dîner avec mon fils et des vins fous, déjeuner avec mon fils, ma fille et son fils, déjeuner au restaurant Pages et déjeuner au Yacht Club de France avec mes conscrits.

(bulletin WD N°1020 240326)    Le bulletin n° 1020 raconte : préparation du dîner de la Saint-Sylvestre, dîner de la Saint-Sylvestre, compté comme 280ème, déjeuner d’Épiphanie et déjeuner au restaurant Pages.

(bulletin WD N° 1019 240312)    Le bulletin n° 1019 raconte : premier dîner de Noël en famille, deuxième dîner de Noël puis dans le sud accueil des amis qui participeront aux fêtes de la Saint Sylvestre, succession de déjeuners et de dîners avant la Saint-Sylvestre.

(bulletin WD N° 1018 240214)    Le bulletin n° 1018 raconte :à Miami, dîners en famille, rencontre impromptue de Richard Geoffroy, dîner chez un marchand de vins le Happy Wine in the Grove, au restaurant Doma et, de retour à Paris, Casual Friday au restaurant Maison Rostang.

(bulletin WD N° 1017 240204)    Le bulletin n° 1017 raconte : la 39ème séance de l’Académie des Vins Anciens.

(bulletin WD N° 1016 240123)    Le bulletin n° 1016 raconte : déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, 279ème repas au restaurant Pages pour des amateurs mexicains et déjeuner d’amis au siège des champagnes Salon et Delamotte.

(bulletin WD N° 1015 240109)    Le bulletin n° 1015 raconte : déjeuner de famille au Train Bleu, déjeuner à la Manufacture Kaviari, rapide dégustation de cognac Hennessy et dîner avec de grands jeunes amateurs au restaurant Passionné.

(bulletin WD N° 1014 240103)    Le bulletin n° 1014 raconte : 278ème dîner au château d’Yquem

restaurant Le Bon Georges dimanche, 7 avril 2024

Un ami
m’invite au restaurant Le Bon Georges dans le 9ème arrondissement de Paris. J’arrive en avance et je suis émerveillé par la décoration où pas un centimètre carré des murs n’est pas recouvert de témoignages culinaires, de belles affiches anciennes et d’ardoises qui présentent tous les plats.

Ici c’est un bistrot et le service est bistrot. Ce qui différencie un bistrot d’un grand restaurant, c’est que le serveur ou la serveuse du bistrot est toujours en mouvement et voit tout. Et s’y ajoute le sourire. Alors que la table est au nom de mon ami, un serveur me reconnaît et m’apporte la carte des vins que seul un haltérophile pourrait porter. A ma droite s’installe un client qui me reconnaît aussi et connaît mon nom. Apparemment, Instagram a un certain effet, au point qu’à la fin du repas le propriétaire et chef est venu me saluer en me disant que c’est un honneur de me recevoir. Calmons-nous, car mes chevilles pourraient enfler, ce qui ne serait pas bon pour la rééducation de mes genoux.

Sur une ardoise on annonce les pièces de bœuf par leur poids en grammes. La pièce de 890 grammes vient d’être vendue. Elle est donc rayée sur l’ardoise. Avec mon ami nous choisirons la suivante, de 780 grammes.

Marion nous présente les entrées et je choisis un vol-au-vent de morilles. Sur la carte des vins il y a beaucoup de vins et la lecture complète prendrait des heures. Il y a beaucoup de vins intéressants, mais dès qu’un cru fait partie des vedettes du moment, les prix deviennent stratosphériques. Le champagne Salon par exemple est inabordable ainsi que certains bourgognes.

Nous prenons un Champagne Philipponnat Clos des Goisses Extra-Brut 2009. Il est d’une belle maturité avec une bulle active. On sent qu’il est noble, mais il manque un peu de pep, d’énergie sympathique. Il n’en fait pas assez pour nous séduire. Il est grand, bien sûr, mais pas assez convivial.

Le Châteauneuf-du-Pape Clos des Papes 2010 est une splendeur. Lui au moins est communicatif. Il séduit, il fait du charme et son équilibre est tellement rassurant. Il y a sur la carte des vins du lieu des vins dix fois plus chers qui n’apporteraient pas autant de plaisir. Ce vin est un régal gourmand.

Pour le dessert nous prenons la mousse au chocolat pour deux dont Marion nous dit que personne n’arrive à la terminer. Nous n’avons pas cherché à entrer en compétition, mais qu’est-ce qu’elle est bonne !

Ce bistrot est le bistrot typique parisien où viennent les amateurs de bonne chère et de bons vins. Le plus amusant c’est que mon ami ne connaissait pas l’endroit. Il l’a choisi suite à une recherche et non une expérience. Bonne pioche !

Le calvados de camionneur frappe encore dimanche, 7 avril 2024

Je vais changer d’ordinateur et l’informaticien de mes différentes entités vient à la maison pour le faire. Il y aura du travail pour toute la journée aussi je prépare un petit encas pour le déjeuner. On ne boira pas de vin et je propose une bière croyant que j’en ai deux. En fait il y a une bière, qu’il choisit et un cidre bio. On parle de cidre donc de Normandie et l’informaticien me dit que sa famille est agricultrice en Normandie.

Je lui dis : voulez-vous que je vous fasse goûter un calvados extraordinaire et je raconte l’histoire d’un conducteur de camion d’une entreprise que nous utilisions dans les années 70 pour livrer des aciers, chauffeur d’un poids et d’un volume plus que conséquents, qui gardait sous son siège deux bouteilles de calva, l’une pour son propre usage quand le temps se faisait trop long, et l’autre pour offrir, ce qu’il fit à mon égard ce jour-là.

L’informaticien m’écoute et je sens que mon récit lui fait douter du caractère exceptionnel de mon calvados. Sa mine évoque : « cause toujours ».

Je verse deux petits verres et tout-à-coup je vois que l’informaticien est éberlué. Il n’y croit pas. Jamais de sa vie il n’aurait pu imaginer qu’un calvados de camionneur puisse être aussi grand. Il est subjugué. Jamais il n’a bu un calvados de ce niveau. Je lui ai demandé de raconter cette histoire à son père.

PROGRAMME DES DINERS vendredi, 5 avril 2024

PROGRAMME DES DINERS – à jour au 04/04/24

DINER

DATE

1262

16/05/2024

1326

24/05/2024

1325

26/09/2024

1303

03/10/2024

DINER 1262 – 16/05/24

Champagne Jacques Selosse millésime 2002

Champagne Salon 1988

Puligny Montrachet Les Combettes Domaine Leflaive 1988

Chablis Grand Cru Blanchot Vocoret & Fils 1988

Château Ausone 1962

Château Nénin 1982

Pommard Epenots Joseph Drouhin 1929

Vosne Romanée Grivelet Cusset 1943

Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1986

Châteauneuf du Pape Paul Drevon 1945

Château Rayne Vigneau 1966

Porto Quinta do Noval 1976

DINER 1326 – 24/05/2024

Champagne Krug Private Cuvée Brut Réserve magnum années 50

Y d’Yquem 1964

Musigny Blanc Comte Georges De Vogüé 1993

Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1983

Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1953

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1943

Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1963

Musigny Vieilles Vignes Comte de Vogüé magnum 1947

Château Chalon Bourdy 1921

Château d’Yquem 1959

Château d’Yquem 1937

DINER 1325 – 26/09/2024

Champagne Philipponnat Clos des Goisses 1988

Champagne Comtes de Champagne Taittinger 1966

Laville Haut Brion 1978

Châteauneuf-Du-Pape Blanc Antonin Establet 1947

Château Certan de May 1955

Bonnes-mares Clair-Daü 1961

Grands Echézeaux Antonin Rodet 1934

Beaune Clos du Roi Louis Affre 1928

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1956

Château Chalon Bourdy 1945

Château Climens Haut-Barsac 1949

Vin de Chypre 1869

DINER 1303 – 03/10/2024

Magnum Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1982

Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 1999

Riesling Clos Sainte Hune Trimbach 1975

Château Haut-Brion blanc 1953

Pomerol Château Nénin (année illisible) 1961

Château Brane-Cantenac 1928

Santenay Gravières Jessiaume Père et Fils 1928

Château de Beaucastel 1959

Château Gilette Crème de Tête Sauternes 1961

Déjeuner de Pâques en famille lundi, 1 avril 2024

Il y a deux ans, j’ai acheté un appartement dans Paris pour servir de pied-à-terre, puisqu’Anne Hidalgo fait tout pour que les banlieusards n’osent plus venir à Paris. Elle devait être jalouse de Mai 1968 quand la circulation était figée. Maintenant grâce à elle, c’est Mai 1968 tous les jours. Le temps des formalités puis des travaux nous a permis de prendre jouissance réelle de l’appartement en ce début d’année. Le premier repas sera le déjeuner de Pâques avec ma fille et ses deux filles, sans ma femme qui est encore dans le sud.

J’erre dans la cave au hasard pour choisir les vins la veille. La première pioche est un Champagne Comtes de Champagne Blanc de Blancs 1985. La seconde bouteille que je prends en main un Vosne-Romanée Tastevinage 1952 des Chevaliers du Tastevin Morin Père et Fils 1949. Le niveau de la bouteille est bas et ne me fait pas trop confiance, aussi je prends un Musigny Champy Père et Cie 1953 au niveau plus encourageant.

Le champagne a un beau bouchon qui vient entier et le pschitt fait un beau bruit généreux, ce qui est bon signe. Son nez est plaisant.

En attendant mes invitées, je mets des chips à la truffe sur une assiette. Mes invitées arrivent.

Ma fille avait été chargée de la partie culinaire et elle a choisi des plats de toute première qualité. En entrée deux pâtés en croûte de la maison Vérot, le pâté vice-champion du monde et le pâté canard, figue et foie gras. Nous aurons ensuite une épaule d’agneau – Pâques oblige – avec des pommes de terre aux épices raffinées élaborées par ma petite-fille aînée, des fromages délicieux, tomme sur paille et autres grands fromages et nous finirons sur des merveilleux, ces desserts légers à se damner.

Ma fille n’avait pas encore vu l’appartement et ses filles l’avaient visité avant la fin des travaux. Elles complimentent le lieu. Les chips ont une caractéristique c’est que chacune doit immédiatement être suivie d’une autre, tant elle donne envie.

Le Champagne Comtes de Champagne Blanc de Blancs 1985 a encore un belle bulle active et sa couleur est celle d’un or de blé d’été. Le champagne est à la fois noble et conquérant mais aussi convivial et charmeur. Il est accompli et grand. Il va briller sur les pâtés en croûte gourmands comme lui. Voilà un grand champagne en pleine possession de ses moyens.

Sur l’épaule d’agneau le Musigny Champy Père et Cie 1953 est une incroyable surprise. Jamais je n’aurais attendu autant de vivacité, de richesse et de densité. C’est un grand vin intense et imprégnant, qui impose sa marque. Il a un fruit marqué et sa longueur est cohérente avec sa puissance. Je n’en reviens pas d’un équilibre aussi réussi.

Le vin est pertinent pour les excellents fromages et il reste du champagne pour les merveilleux à la meringue si légère.

Nous avons fini ce repas par une partie de belote coinchée acharnée où mes deux petites filles jouaient contre leur mère et moi. La cadette des deux a définitivement signé leur victoire en demandant une ‘générale’ qu’elle a réussi. Le nouvel appartement est bien baptisé.

Déjeuner au restaurant Astrance jeudi, 28 mars 2024

Deux mois exactement se sont écoulés depuis la dégustation des vins de Trévallon racontés dans le bulletin précédent. Deux mois sans vin car j’ai été opéré d’une prothèse totale d’un genou. Séjour dans deux hôpitaux, celui de la chirurgie à Toulon et celui de la rééducation à Hyères, ce qui a permis à mon épouse de venir me voir puisque notre résidence d’été (et en l’occurrence, d’hiver) est à courte distance.

On ne dira jamais assez l’engagement et la bienveillance du personnel hospitalier, du personnel soignant et de tous ceux qui accompagnent le retour à la vie normale des patients. J’ai été très impressionné par le travail qu’ils accomplissent avec engagement et sourire.

Pour le premier déjeuner de retour à Paris, nous avons choisi, avec un ami, le restaurant Astrance de Pascal Barbot et Christophe Rohat.

A mon arrivée nous avons bavardé en cuisine sur les péripéties et difficultés nées de l’ouverture du restaurant en plein Covid et de malfaçons contrariant le démarrage. J’y étais venu il y a un peu plus d’un an. D’emblée aujourd’hui on ressent que ce restaurant a pris un rythme de croisière de haute qualité.

Mon ami qui m’invite me laisse le choix des vins. Je repère sur la carte un Chablis Grand Cru Les Clos qui fera l’affaire et comme le menu-dégustation dont nous ne savons rien accueillera mieux les blancs, selon Christophe, s’ajouteront un Champagne Agrapart Terroirs extra brut et mon œil ayant glissé sur la carte, une Gueuse Lambic Cantillon.

Un craquelin aux pois chiches a des notes amères qui me semblent appeler la Bière Gueuse Lambic Cantillon mise en bouteille le 15 mai 2023. Quelle personnalité et quel accord ! J’ai suggéré à Christophe en fin de repas que cette combinaison soit proposée aux clients, tant elle est fusionnelle. La brioche est un délice et copine avec le Champagne Agrapart Terroirs extra brut fait de vins de 2011 et dégorgé en 2014. Ce Blanc de Blancs d’Avize me fait penser à une volonté très proche de celle d’Anselme Selosse. Le champagne est long, racé, vif et de grande intelligence. Au cours du repas si on ne savait pas quel vin prendre, la solution champagne était souvent la bonne.

Arrive le premier plat de bulot, huître et praire, sauce agrumes et piment qui offre des combinaisons de saveurs passionnantes. Le bulot appelle le Chablis Grand Cru Les Clos Vincent Dauvissat 2005. Le nez à l’ouverture est assez discret et ce qui me fascine, c’est la longueur de vin. Il est comme un ricochet réussi dont on voit qu’il pourrait être sans fin. C’est sans doute le plus accompli des vins de ce repas. L’huître impose l’Agrapart et la praire vogue avec la bière Cantillon. C’est un beau départ.

Il est à noter que la bière a une telle personnalité que l’on peut passer de la bière au champagne et inversement sans que cela heurte le palais. Les deux sont grands.

La coquille Saint-Jacques crue est accompagnée d’huître et de préparations assez vives. Vient ensuite du riz Koshihikari traité de façon japonaise avec une tartine de confiture de crevette particulièrement goûteuse. Le champagne accompagne le riz et la Gueuse le pain croquant.

Le turbot vapeur au koji est magique, d’une cuisson d’une rare justesse, et les barbes avec une sauce lourde sont à se damner. Le Chablis brille à coté de ce plat et sa longueur continue d’impressionner.

Un intermède de légumes est charmant.

Une feuille roulée crée une saveur qui nous fait réagir, mon ami et moi, car nous sommes face à un goût cohérent parfait où acidité et douceur sont à leur apogée. C’est flagrant.

Le plat de ris de veau et morilles fourrées à l’ail des ours et vin jaune est un plat gourmand. On se laisse aller à cet appel au bonheur. Le vin blanc est parfait et certaines parties du plat auraient pu accueillir un vin rouge.

Un plat combinant un granité de bleu d’Auvergne avec un kiwi rouge et un sorbet au basilic me séduit moins.

Une coupelle avec oseille et cacahuète est extraordinaire car les deux se combinent parfaitement. Bravo au chef d’avoir créé cette association.

Les œufs coque froids au jasmin rafraîchissants sont une tradition de Pascal Barbot. Et l’on finit avec des madeleines et des feuilles de chocolat.

Après deux mois sans vin et sans gastronomie, je me rends compte que ma vie actuelle se nourrit de gastronomie, de grands vins et de partage avec des amateurs et grands chefs. Je suis heureux dans ce monde de recherche de l’excellence. Pascal Barbot a un talent qui va s’exprimer dans ce bel écrin de la rue de Longchamp. J’ai passé un moment heureux dans ce restaurant qui promet d’être grand.

Dégustation de Trévallon avec des passionnés dimanche, 28 janvier 2024

Un amateur de vin, Arnaud, qui me suit sur Instagram, m’informe qu’une dégustation aura lieu non loin d’Avignon lors d’un déjeuner autour des vins du domaine de Trévallon, avec les héritiers d’Eloi Dürrbach et peut-être Emmanuel Reynaud. Après avoir échangé des mails, je donne mon accord. Pour me rendre au lieu du rendez-vous, je peux constater qu’un grand nombre d’agriculteurs ont bloqué une sortie d’autoroute, et quand j’arrive à l’adresse indiquée, je me sens perdu car je ne trouve pas le restaurant Le 7 dont le chef est Laurent Guillaumond. Fort heureusement des participants du déjeuner viennent à mon secours.

Le restaurant est haut perché et de sa terrasse on voit les magnifiques structures de pierre d’Avignon. Nous sommes reçus par Marion, aimable et souriante.

Avant que tous les participants ne soient arrivés j’ai le temps d’ouvrir mes deux apports, un Château Chalon Clément 1906 et un vin de Chypre 1870.

Je suis surpris de voir des participants aussi jeunes car je pourrais être le grand-père de plusieurs d’entre eux, mais je constaterai au fil du repas qu’il s’agit d’amateurs particulièrement connaisseurs de vins. Nous sommes quatorze dont dix seulement sont des buveurs. Isoline et Antoine Dürrbach nous font l’honneur de participer à la dégustation des vins de leur domaine de Trévallon.

L’ordre de service des vins se met en place et nous allons commencer par un champagne jeune dont on me dit que le jeune viticulteur est devenu en un temps très court une vedette de la Champagne. Nous buvons un Champagne Pascal Hénin l’Appel de la Forêt non millésimé à majorité de pinot noir et j’avoue que je reste sur ma faim, car ce champagne est très court et son fruit manque de cohésion. On peut supposer que c’est cette bouteille qui n’est pas au rendez-vous.

On verra tout au long du repas que les premiers contacts avec des vins ne sont pas définitifs et que la première impression peut ne pas représenter le vin lorsqu’il est épanoui dans le verre.

L’apéritif consiste en un tartare d’huître de Camargue, friture de jols, saumon gravlax, crème acidulée aux œufs de truite. Il est accompagné de deux champagnes porteurs d’un label du Club des Viticulteurs Champenois (Spécial Club).

Le Champagne Pierre Gimonnet 1982 marque un tel saut gustatif par rapport au champagne précédent qu’on prend conscience de la richesse d’un vin de plus de quarante ans. Le parfum est magique et le champagne est généreux et accompli. Un bonheur.

Le Champagne Edmond Bonville Blanc de Blancs 1979 a un nez moins joyeux et une structure plus tranchante. Ce champagne est strict et émeut beaucoup moins que le 1982, mais il aurait été plus apprécié s’il n’y avait pas le 1982 à côté de lui.

Le menu préparé par le chef est : carpaccio de Saint-Jacques et truffe / magrets de sarcelle de Camargue rôtis, purée de panais et épinards frais, petit jus / cromesquis d’agneau sur houmous en une bouchée / palombe confite aux lentilles vertes du Puy / fromages en deux services / salade d’orange et clémentine corse, sorbet orange sanguine légèrement arrosé.

Je suis allé de surprise en surprise tant la qualité des produits est parfaite et la « façon » intelligente et cohérente avec les vins. Le chef a fait un repas de très haute qualité.

Quand je porte mon nez au Champagne Selosse Lieux-Dits Les Carelles Blanc de Blancs d’une base de vins de 2016 et dégorgé en 2023, j’ai l’impression que je m’envole sur un nuage de félicité. Ce parfum est diabolique. En bouche c’est un champagne solide, percutant, de haute intensité. Mes voisins de table – qui savent tout – me disent que Les Carelles est le plus grand des champagnes parcellaires de Selosse.

Nous passons maintenant aux vins du domaine de Trévallon qui sont l’objet du repas. Plusieurs bouteilles du même millésime ont été servies ce qui fait que les impressions des uns et des autres peuvent avoir divergé.

Apparaissent le Trévallon blanc 1998 et le Trévallon blanc 1996. Les couleurs des deux vins sont d’un bel or. Le 1998 est délicat, subtil, émouvant alors que le 1996 est plus solide, conquérant et large. Autour de moi et même Antoine Dürrbach préfèrent le 1996 mais je préfère le 1998 gracieux dans sa délicatesse alors que la puissance du 1996 ne me semble pas avoir atteint la précision et la maturité que l’on attendrait. On aurait beaucoup de mal à l’aveugle à trouver la région de ces deux vins délicieux.

Je suis assez déçu par le Trévallon rouge 1985 et le Trévallon rouge 1988 car ils me semblent plus vieux qu’ils ne devraient et souffrent, même si c’est légèrement, de petits problèmes de bouchon. Mais j’ai pu remarquer qu’avec le temps, le 1988 a retrouvé une partie de sa grandeur.

Un phénomène similaire va se produire avec le tant attendu Trévallon rouge 2001. Il apparaît timide, fade, un peu coincé, mais il va prendre une ampleur telle qu’il va progressivement corriger ses incertitudes.

Les choses vont devenir infiniment plus positives avec le Trévallon rouge 1995 et le Trévallon rouge 1990. Le 1995 est grand et le 1990 est une merveille. On a avec ce 1990 tout ce qui a fait la réputation et la gloire de ce vin exceptionnel. Tout y est, le parfum enivrant de subtilité et la force de caractère d’un vin inébranlable. Un régal.

Quand on sent le 1990 et quand on sent ensuite la palombe à la divine cuisson, on ne sait pas qui est le vin et qui est l’oiseau. Leur symbiose est magistrale.

Pour les fromages sont servis le Trévallon blanc 2014 et le Trévallon blanc 2007. Après ces belles et nombreuses séries, j’ai moins d’attention pour ces deux blancs car le souvenir des 1998 et 1996 si brillants m’empêche d’être passionné par ces deux blancs jeunes.

Ceux qui avaient vanté les mérites du jeune vigneron champenois essaient de m’intéresser au Chenin Richard Leroy Les Noëls de Montberault 2017 et je suis assez dubitatif. Je vois mal qu’on puisse aduler ce vin. Mais je suis peut-être trop critique.

On sert maintenant sur un fromage adapté (eh oui, un camembert affiné au calvados peut ne pas être un sacrilège) le Château Chalon Clément 1906 dont la bouteille me semble beaucoup plus vieille et d’un format de 75 centilitres voire plus. On pourrait dire que ce vin est un peu trop discret et peut-être un peu trop aqueux, mais si on cherche à lire ses complexités, on a un vin très attachant. Je n’aurais probablement pas dit Château Chalon à l’aveugle, mais c’est un témoignage intéressant aux complexités séduisantes.

Le Vouvray Le Haut Lieu Moelleux Huet 1990 est exactement ce qu’on peut attendre de ce vin joyeux, équilibré, généreux, de pur plaisir. Sa fraîcheur est magique.

Le Château de Tastes Sainte Croix du Mont 1924 a été offert par un participant qui voulait que nous buvions un vin de juste cent ans. Il est d’un niveau magnifique, d’une couleur presque noire. Son parfum est dense et en bouche, on le situerait au niveau de grands sauternes. Il est parfait comme eux et irréprochable comme eux.

Le Vin de Chypre 1870 avait à l’ouverture un nez moins puissant que celui du château de Tastes mais plus profond. Ce vin où l’on peut trouver du café, du balsamique et mille autres évocations est intense, riche, tout en gardant une fraîcheur extrême. Il a une longueur infinie. J’avais demandé à Marion des pastilles de chocolat qui ont accompagné le vin comme il convient, alors que le dessert aux agrumes était évidemment exclu.

Le programme était déraisonnable, mais nous avons réussi à tout boire grâce à la cuisine idéalement appropriée. J’ai été impressionné par la culture de ces amateurs fous de toutes régions qui sont venus pour cet événement, certains d’entre eux poursuivant le soir avec un dîner à l’Oustau de Baumanière. Passion, quand tu nous tiens…

Il est difficile de classer des vins aussi disparates mais je choisirai : 1 – Selosse, 2 – Trévallon 1990, 3 – Chypre 1870 et peut-être en quatrième soit le vin de 1924 soit le Trévallon blanc 1998, soit le champagne de 1982. Il y a eu tant de grands vins.

Antoine et Isoline Dürrbach ont su apporter tout au long du repas des anecdotes et les préférences de leur père. Le chef a fait un repas de haut niveau. L’ambiance joyeuse et décontractée a fait de ce repas un événement mémorable. Merci Arnaud de l’avoir organisé avec ces généreux passionnés.