Cancun, suite et presque finvendredi, 22 janvier 2010

Les dauphins ont bon dos !

 

21 janv.-10

 

Après Chichen Itza, le programme du voyage mis au point avec l’agence de voyage est fini. Malgré l’envie que nous avions de ne plus dépendre d’horaires, j’ai pris un nouveau rendez-vous.

 

Mais, comme disait le regretté Philippe Seguin, quand ça veut pas, ça veut pas.

 

J’étais allé après le dîner prévenir la réception que nous appellerions pour le petit-déjeuner, à l’horaire de notre choix. On imagine ce qui s’est produit. A 6h30 du matin, je reçois un appel de France qui me réveille, d’un ami qu’autrement j’aurais traité avec délicatesse. Je me rendors et à 7h30, on toque à la porte. C’est le petit-déjeuner. La journée commence mal.

 

Le taxi que l’hôtel m’avait réservé et commandé devait me prendre à 10h20, pour un rendez-vous à 10h30. A l’heure dite rien. Lorsque 10h30 est déjà passé, l’hôtel me promet un taxi dans trois minutes, pour un trajet qui prend cinq minutes.

 

Le taxi vient sept minutes plus tard et le trajet dure un quart d’heure. On imagine mon stress, car ce à quoi je m’étais inscrit, c’est une heure de nage avec des dauphins. Nous arrivons dans un ensemble de vacances absolument gigantesque. Les voitures sur trois rangs patientent à l’entrée au contrôle, en formant des queues comme celles au péage lors d’un retour de week-end. Je serais prêt à manger le skaï de mon siège.

 

J’arrive enfin à la réception pour la nage avec les dauphins et le trajet qu’il faut faire pour être enfin en mesure d’intégrer le groupe est ubuesque. On est baladé d’un immeuble à un autre. Quand je paie, le préposé n’a plus de rouleau de papier dans son terminal carte bleue et je commence à me demander si je ne vais pas payer deux fois. Tout prend un temps fou et j’ai bien peur d’être en retard.

 

J’ai l’air malin, quand, ayant vu la mer ce matin très agitée, j’ai demandé à l’hôtel si cela n’influencerait pas la nage. Car devant nous, il n’y a que des bassins un peu plus grands que des piscines, où, malgré le vent, pas la moindre vaguelette ne se forme.

 

Silke m’a accompagné pour immortaliser mes acrobaties. Elle va attendre à la terrasse d’un café ce qui ressemble à un gigantesque attrape-nigauds. Le moniteur en chef fait un discours à une soixantaine de personnes, avec cet humour lourd de ceux qui savent. Ensuite le groupe se scinde et je suis dans un groupe d’une douzaine de personnes. Nous allons à pied sur une île artificielle pour regarder une vidéo de présentation de ce que nous allons faire. Avant de la lancer, notre moniteur fait de l’humour : « lorsque vous allez nager au milieu des requins » « euh, pardon, non, ce n’est pas pour vous ». On voit le niveau. Le contenu de la vidéo pourrait être compris en deux minutes, mais la vidéo en prend vingt. Et, pour nous expliquer que des photos seront prises, car la machine à fric fonctionne à plein régime dans cette marina, il faut dix minutes de plus.

 

Alors que la séance fait une heure, en voici la moitié qui est consommée. Nous arrivons dans notre bassin et le moniteur nous indique les noms des deux dauphins qui vont nager avec nous. Et des membres du groupe se mettent à poser des questions. Je rêve. Nous entrons dans l’eau et à côté de moi, il y a un moniteur qui dit qu’il y a dans le bassin de jeunes dauphins qui sont en apprentissage. Il demande qu’on ne les touche pas car ils ne connaissent pas la valeur de nos signes. Comment reconnaître un jeune dauphin d’un vieux, je ne sais, car à un moment un jeune me mordilla la main, ce qui fait une drôle d’impression.

 

Qu’avons-nous fait ? Caresser les dauphins sur la tête et sur le ventre. Leur embrasser le bout du nez pour que le photographe puisse s’acheter une nouvelle Cadillac. Se mettre en cercle pour que les dauphins se fassent caresser en continu. Enfin, les deux seules activités physiques : mettre les bras en croix, saisir les ailerons de deux requins qui nous tirent sur plusieurs mètres. Et, le plus spectaculaire, se faire pousser les pieds par deux dauphins, qui nous soulèvent et permettent que l’on ait l’impression de marcher sur les eaux.

 

C’est charmant, mais c’est un peu mince. J’imaginais que je nagerais à côté d’un dauphin en créant une complicité. Or ici, c’est une usine ou un cirque. On vous vend une impression fugitive, et non pas une rencontre avec un dauphin.

 

Ce n’est pas inintéressant, c’est évident. Mais on sent l’usine à fric, le côté cabaret et rien de plus. Une fois que chacun a fait ses petits exercices, nous sortons en applaudissant les dauphins qui font des bonds spectaculaires, et nous sommes conduits dans une salle de projection pour regarder la vidéo de nos exercices. Chacun rit de lui-même et des mimiques des autres. Ce temps supplémentaire permet au photographe de faire un tirage papier des photos qu’il a prises. On passe à la caisse, une fois de plus.

 

Nous attendons le taxi de retour, commandé à l’arrivée, et de taxi, il n’y en a pas. C’est une navette pourrie qui nous raccompagnera à l’hôtel.

 

Nous allons déjeuner au petit restaurant de l’hôtel qui est face à la mer et aux deux piscines. Des kite-surfs fendent l’eau, dirigés par des mains expertes. Les vagues sont très fortes. La nourriture est bonne, différente de celle du restaurant du soir.

 

Je vais faire une séance de hammam aux senteurs délicates et à 17h00, aussi bien Silke que moi, nous nous faisons masser dans le spa de l’hôtel. Les senteurs, les huiles, les essences créent un climat de relaxation. Ma masseuse doit avoir été championne de bras de fer, car elle tord mes muscles avec la puissance d’un rouleau compresseur. Mais le massage est efficace. Son diagnostic final à mon égard : « de temps en temps, vous devriez vous dire que tout va bien ». Apparemment, mon corps parle de façon explicite.

 

Revenu, zen, fourbu mais pas cassé, j’ouvre mon ordinateur qui n’accepte plus la connexion internet du réseau de l’hôtel. Habitué aux problèmes informatiques qui se concentrent sur moi comme les vautours sur la viande morte, je suis d’un calme olympien lorsqu’un préposé de l’hôtel arrivé avec retard semble impuissant à réparer.

 

Nous n’allons quand même pas gâcher les dernières vingt-quatre heures d’un voyage épique autant qu’unique – du moins pour nous -.

 

Après le dîner sans histoire, retour dans la chambre. L’internet marche de nouveau. Demain il faut faire les valises. Ça sent le retour.