Bulletins du 1er semestre 2024, du numéro 1014 à … jeudi, 25 avril 2024

Bulletins du 1er semestre 2024, du numéro 1014 à …

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(bulletin WD N° 1023 240426)   Le bulletin 1023 raconte : déjeuner au restaurant Astrance, déjeuner dans un nouvel appartement à Paris, déjeuner avec un informaticien et un calvados miraculeux et déjeuner au restaurant Le Bon Georges.

(bulletin WD N° 1022 240411)    Le bulletin 1022 raconte : près d’Avignon, déjeuner au restaurant Le 7, pour une impressionnante dégustation verticale des vins de Trévallon avec les héritiers d’Eloi Dürrbach.

(bulletin WD N° 1021 240403)    Le bulletin n° 1021 raconte : dîner avec mon fils et des vins fous, déjeuner avec mon fils, ma fille et son fils, déjeuner au restaurant Pages et déjeuner au Yacht Club de France avec mes conscrits.

(bulletin WD N°1020 240326)    Le bulletin n° 1020 raconte : préparation du dîner de la Saint-Sylvestre, dîner de la Saint-Sylvestre, compté comme 280ème, déjeuner d’Épiphanie et déjeuner au restaurant Pages.

(bulletin WD N° 1019 240312)    Le bulletin n° 1019 raconte : premier dîner de Noël en famille, deuxième dîner de Noël puis dans le sud accueil des amis qui participeront aux fêtes de la Saint Sylvestre, succession de déjeuners et de dîners avant la Saint-Sylvestre.

(bulletin WD N° 1018 240214)    Le bulletin n° 1018 raconte :à Miami, dîners en famille, rencontre impromptue de Richard Geoffroy, dîner chez un marchand de vins le Happy Wine in the Grove, au restaurant Doma et, de retour à Paris, Casual Friday au restaurant Maison Rostang.

(bulletin WD N° 1017 240204)    Le bulletin n° 1017 raconte : la 39ème séance de l’Académie des Vins Anciens.

(bulletin WD N° 1016 240123)    Le bulletin n° 1016 raconte : déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, 279ème repas au restaurant Pages pour des amateurs mexicains et déjeuner d’amis au siège des champagnes Salon et Delamotte.

(bulletin WD N° 1015 240109)    Le bulletin n° 1015 raconte : déjeuner de famille au Train Bleu, déjeuner à la Manufacture Kaviari, rapide dégustation de cognac Hennessy et dîner avec de grands jeunes amateurs au restaurant Passionné.

(bulletin WD N° 1014 240103)    Le bulletin n° 1014 raconte : 278ème dîner au château d’Yquem

Déjeuner au restaurant Astrance jeudi, 28 mars 2024

Deux mois exactement se sont écoulés depuis la dégustation des vins de Trévallon racontés dans le bulletin précédent. Deux mois sans vin car j’ai été opéré d’une prothèse totale d’un genou. Séjour dans deux hôpitaux, celui de la chirurgie à Toulon et celui de la rééducation à Hyères, ce qui a permis à mon épouse de venir me voir puisque notre résidence d’été (et en l’occurrence, d’hiver) est à courte distance.

On ne dira jamais assez l’engagement et la bienveillance du personnel hospitalier, du personnel soignant et de tous ceux qui accompagnent le retour à la vie normale des patients. J’ai été très impressionné par le travail qu’ils accomplissent avec engagement et sourire.

Pour le premier déjeuner de retour à Paris, nous avons choisi, avec un ami, le restaurant Astrance de Pascal Barbot et Christophe Rohat.

A mon arrivée nous avons bavardé en cuisine sur les péripéties et difficultés nées de l’ouverture du restaurant en plein Covid et de malfaçons contrariant le démarrage. J’y étais venu il y a un peu plus d’un an. D’emblée aujourd’hui on ressent que ce restaurant a pris un rythme de croisière de haute qualité.

Mon ami qui m’invite me laisse le choix des vins. Je repère sur la carte un Chablis Grand Cru Les Clos qui fera l’affaire et comme le menu-dégustation dont nous ne savons rien accueillera mieux les blancs, selon Christophe, s’ajouteront un Champagne Agrapart Terroirs extra brut et mon œil ayant glissé sur la carte, une Gueuse Lambic Cantillon.

Un craquelin aux pois chiches a des notes amères qui me semblent appeler la Bière Gueuse Lambic Cantillon mise en bouteille le 15 mai 2023. Quelle personnalité et quel accord ! J’ai suggéré à Christophe en fin de repas que cette combinaison soit proposée aux clients, tant elle est fusionnelle. La brioche est un délice et copine avec le Champagne Agrapart Terroirs extra brut fait de vins de 2011 et dégorgé en 2014. Ce Blanc de Blancs d’Avize me fait penser à une volonté très proche de celle d’Anselme Selosse. Le champagne est long, racé, vif et de grande intelligence. Au cours du repas si on ne savait pas quel vin prendre, la solution champagne était souvent la bonne.

Arrive le premier plat de bulot, huître et praire, sauce agrumes et piment qui offre des combinaisons de saveurs passionnantes. Le bulot appelle le Chablis Grand Cru Les Clos Vincent Dauvissat 2005. Le nez à l’ouverture est assez discret et ce qui me fascine, c’est la longueur de vin. Il est comme un ricochet réussi dont on voit qu’il pourrait être sans fin. C’est sans doute le plus accompli des vins de ce repas. L’huître impose l’Agrapart et la praire vogue avec la bière Cantillon. C’est un beau départ.

Il est à noter que la bière a une telle personnalité que l’on peut passer de la bière au champagne et inversement sans que cela heurte le palais. Les deux sont grands.

La coquille Saint-Jacques crue est accompagnée d’huître et de préparations assez vives. Vient ensuite du riz Koshihikari traité de façon japonaise avec une tartine de confiture de crevette particulièrement goûteuse. Le champagne accompagne le riz et la Gueuse le pain croquant.

Le turbot vapeur au koji est magique, d’une cuisson d’une rare justesse, et les barbes avec une sauce lourde sont à se damner. Le Chablis brille à coté de ce plat et sa longueur continue d’impressionner.

Un intermède de légumes est charmant.

Une feuille roulée crée une saveur qui nous fait réagir, mon ami et moi, car nous sommes face à un goût cohérent parfait où acidité et douceur sont à leur apogée. C’est flagrant.

Le plat de ris de veau et morilles fourrées à l’ail des ours et vin jaune est un plat gourmand. On se laisse aller à cet appel au bonheur. Le vin blanc est parfait et certaines parties du plat auraient pu accueillir un vin rouge.

Un plat combinant un granité de bleu d’Auvergne avec un kiwi rouge et un sorbet au basilic me séduit moins.

Une coupelle avec oseille et cacahuète est extraordinaire car les deux se combinent parfaitement. Bravo au chef d’avoir créé cette association.

Les œufs coque froids au jasmin rafraîchissants sont une tradition de Pascal Barbot. Et l’on finit avec des madeleines et des feuilles de chocolat.

Après deux mois sans vin et sans gastronomie, je me rends compte que ma vie actuelle se nourrit de gastronomie, de grands vins et de partage avec des amateurs et grands chefs. Je suis heureux dans ce monde de recherche de l’excellence. Pascal Barbot a un talent qui va s’exprimer dans ce bel écrin de la rue de Longchamp. J’ai passé un moment heureux dans ce restaurant qui promet d’être grand.

Dégustation de Trévallon avec des passionnés dimanche, 28 janvier 2024

Un amateur de vin, Arnaud, qui me suit sur Instagram, m’informe qu’une dégustation aura lieu non loin d’Avignon lors d’un déjeuner autour des vins du domaine de Trévallon, avec les héritiers d’Eloi Dürrbach et peut-être Emmanuel Reynaud. Après avoir échangé des mails, je donne mon accord. Pour me rendre au lieu du rendez-vous, je peux constater qu’un grand nombre d’agriculteurs ont bloqué une sortie d’autoroute, et quand j’arrive à l’adresse indiquée, je me sens perdu car je ne trouve pas le restaurant Le 7 dont le chef est Laurent Guillaumond. Fort heureusement des participants du déjeuner viennent à mon secours.

Le restaurant est haut perché et de sa terrasse on voit les magnifiques structures de pierre d’Avignon. Nous sommes reçus par Marion, aimable et souriante.

Avant que tous les participants ne soient arrivés j’ai le temps d’ouvrir mes deux apports, un Château Chalon Clément 1906 et un vin de Chypre 1870.

Je suis surpris de voir des participants aussi jeunes car je pourrais être le grand-père de plusieurs d’entre eux, mais je constaterai au fil du repas qu’il s’agit d’amateurs particulièrement connaisseurs de vins. Nous sommes quatorze dont dix seulement sont des buveurs. Isoline et Antoine Dürrbach nous font l’honneur de participer à la dégustation des vins de leur domaine de Trévallon.

L’ordre de service des vins se met en place et nous allons commencer par un champagne jeune dont on me dit que le jeune viticulteur est devenu en un temps très court une vedette de la Champagne. Nous buvons un Champagne Pascal Hénin l’Appel de la Forêt non millésimé à majorité de pinot noir et j’avoue que je reste sur ma faim, car ce champagne est très court et son fruit manque de cohésion. On peut supposer que c’est cette bouteille qui n’est pas au rendez-vous.

On verra tout au long du repas que les premiers contacts avec des vins ne sont pas définitifs et que la première impression peut ne pas représenter le vin lorsqu’il est épanoui dans le verre.

L’apéritif consiste en un tartare d’huître de Camargue, friture de jols, saumon gravlax, crème acidulée aux œufs de truite. Il est accompagné de deux champagnes porteurs d’un label du Club des Viticulteurs Champenois (Spécial Club).

Le Champagne Pierre Gimonnet 1982 marque un tel saut gustatif par rapport au champagne précédent qu’on prend conscience de la richesse d’un vin de plus de quarante ans. Le parfum est magique et le champagne est généreux et accompli. Un bonheur.

Le Champagne Edmond Bonville Blanc de Blancs 1979 a un nez moins joyeux et une structure plus tranchante. Ce champagne est strict et émeut beaucoup moins que le 1982, mais il aurait été plus apprécié s’il n’y avait pas le 1982 à côté de lui.

Le menu préparé par le chef est : carpaccio de Saint-Jacques et truffe / magrets de sarcelle de Camargue rôtis, purée de panais et épinards frais, petit jus / cromesquis d’agneau sur houmous en une bouchée / palombe confite aux lentilles vertes du Puy / fromages en deux services / salade d’orange et clémentine corse, sorbet orange sanguine légèrement arrosé.

Je suis allé de surprise en surprise tant la qualité des produits est parfaite et la « façon » intelligente et cohérente avec les vins. Le chef a fait un repas de très haute qualité.

Quand je porte mon nez au Champagne Selosse Lieux-Dits Les Carelles Blanc de Blancs d’une base de vins de 2016 et dégorgé en 2023, j’ai l’impression que je m’envole sur un nuage de félicité. Ce parfum est diabolique. En bouche c’est un champagne solide, percutant, de haute intensité. Mes voisins de table – qui savent tout – me disent que Les Carelles est le plus grand des champagnes parcellaires de Selosse.

Nous passons maintenant aux vins du domaine de Trévallon qui sont l’objet du repas. Plusieurs bouteilles du même millésime ont été servies ce qui fait que les impressions des uns et des autres peuvent avoir divergé.

Apparaissent le Trévallon blanc 1998 et le Trévallon blanc 1996. Les couleurs des deux vins sont d’un bel or. Le 1998 est délicat, subtil, émouvant alors que le 1996 est plus solide, conquérant et large. Autour de moi et même Antoine Dürrbach préfèrent le 1996 mais je préfère le 1998 gracieux dans sa délicatesse alors que la puissance du 1996 ne me semble pas avoir atteint la précision et la maturité que l’on attendrait. On aurait beaucoup de mal à l’aveugle à trouver la région de ces deux vins délicieux.

Je suis assez déçu par le Trévallon rouge 1985 et le Trévallon rouge 1988 car ils me semblent plus vieux qu’ils ne devraient et souffrent, même si c’est légèrement, de petits problèmes de bouchon. Mais j’ai pu remarquer qu’avec le temps, le 1988 a retrouvé une partie de sa grandeur.

Un phénomène similaire va se produire avec le tant attendu Trévallon rouge 2001. Il apparaît timide, fade, un peu coincé, mais il va prendre une ampleur telle qu’il va progressivement corriger ses incertitudes.

Les choses vont devenir infiniment plus positives avec le Trévallon rouge 1995 et le Trévallon rouge 1990. Le 1995 est grand et le 1990 est une merveille. On a avec ce 1990 tout ce qui a fait la réputation et la gloire de ce vin exceptionnel. Tout y est, le parfum enivrant de subtilité et la force de caractère d’un vin inébranlable. Un régal.

Quand on sent le 1990 et quand on sent ensuite la palombe à la divine cuisson, on ne sait pas qui est le vin et qui est l’oiseau. Leur symbiose est magistrale.

Pour les fromages sont servis le Trévallon blanc 2014 et le Trévallon blanc 2007. Après ces belles et nombreuses séries, j’ai moins d’attention pour ces deux blancs car le souvenir des 1998 et 1996 si brillants m’empêche d’être passionné par ces deux blancs jeunes.

Ceux qui avaient vanté les mérites du jeune vigneron champenois essaient de m’intéresser au Chenin Richard Leroy Les Noëls de Montberault 2017 et je suis assez dubitatif. Je vois mal qu’on puisse aduler ce vin. Mais je suis peut-être trop critique.

On sert maintenant sur un fromage adapté (eh oui, un camembert affiné au calvados peut ne pas être un sacrilège) le Château Chalon Clément 1906 dont la bouteille me semble beaucoup plus vieille et d’un format de 75 centilitres voire plus. On pourrait dire que ce vin est un peu trop discret et peut-être un peu trop aqueux, mais si on cherche à lire ses complexités, on a un vin très attachant. Je n’aurais probablement pas dit Château Chalon à l’aveugle, mais c’est un témoignage intéressant aux complexités séduisantes.

Le Vouvray Le Haut Lieu Moelleux Huet 1990 est exactement ce qu’on peut attendre de ce vin joyeux, équilibré, généreux, de pur plaisir. Sa fraîcheur est magique.

Le Château de Tastes Sainte Croix du Mont 1924 a été offert par un participant qui voulait que nous buvions un vin de juste cent ans. Il est d’un niveau magnifique, d’une couleur presque noire. Son parfum est dense et en bouche, on le situerait au niveau de grands sauternes. Il est parfait comme eux et irréprochable comme eux.

Le Vin de Chypre 1870 avait à l’ouverture un nez moins puissant que celui du château de Tastes mais plus profond. Ce vin où l’on peut trouver du café, du balsamique et mille autres évocations est intense, riche, tout en gardant une fraîcheur extrême. Il a une longueur infinie. J’avais demandé à Marion des pastilles de chocolat qui ont accompagné le vin comme il convient, alors que le dessert aux agrumes était évidemment exclu.

Le programme était déraisonnable, mais nous avons réussi à tout boire grâce à la cuisine idéalement appropriée. J’ai été impressionné par la culture de ces amateurs fous de toutes régions qui sont venus pour cet événement, certains d’entre eux poursuivant le soir avec un dîner à l’Oustau de Baumanière. Passion, quand tu nous tiens…

Il est difficile de classer des vins aussi disparates mais je choisirai : 1 – Selosse, 2 – Trévallon 1990, 3 – Chypre 1870 et peut-être en quatrième soit le vin de 1924 soit le Trévallon blanc 1998, soit le champagne de 1982. Il y a eu tant de grands vins.

Antoine et Isoline Dürrbach ont su apporter tout au long du repas des anecdotes et les préférences de leur père. Le chef a fait un repas de haut niveau. L’ambiance joyeuse et décontractée a fait de ce repas un événement mémorable. Merci Arnaud de l’avoir organisé avec ces généreux passionnés.

Déjeuner à l’Assiette Champenoise vendredi, 20 octobre 2023

Le lendemain matin, à l’Assiette Champenoise, nous prenons le petit déjeuner dans la grande salle proche de la piscine où le service est souriant. J’ouvre mon vin cadeau pour notre groupe, un Hermitage Paul Etienne 1943 au niveau remarquable dans le goulot. Le nez est superbe et le couleur est belle.

Je regarde la carte des vins sur un support électronique intelligent et je choisis les vins du repas en fonction des plats. Mon choix est soumis au sommelier chef et à Arnaud Lallement qui le valident.

Nous prenons l’apéritif au bar avec un Champagne Legras & Haas Les Sillons 2013. Les amuse-bouches sont variés et délicieux. Le champagne est parfait et 2013 semble une année prometteuse.

Nous passons à table. Le menu écrit par Arnaud Lallement est ainsi rédigé : tourteau de Roscoff – laitue de mer / Saint-Jacques de Normandie – poireau B. Deloffre / turbot breton – caviar Kaviari / chou – Pontoise / homard bleu – hommage à mon papa / céleri confit – B. Deloffre / biche en filet rôti – légumes racines A. Deloffre /chocolat Tuma yellow – glace grué de cacao.

Ce repas est particulièrement réussi avec un talent et des cuissons de rêve. Pratiquement à chaque plat, Arnaud est venu vérifier si nous étions satisfaits et je l’ai senti sensible à mes commentaires. Le plat le plus excitant est celui des coquilles Saint-Jacques en trois parties dont une est faite des produits que mangent les coquilles dont des moules. En goûtant cette partie du plat, j’ai l’instinct qu’elle ira avec un vin rouge et je demande qu’on serve la Côte Rôtie Domaine Jamet 2017 et l’accord m’enthousiasme. Autour de moi, les avis sont partagés entre ceux qui agréent ma suggestion et ceux qui la récusent. A chacun son goût.

Dans l’ordre de service nous avons un Champagne Bérèche & Fils Mailly Grand Cru 2013 très différent du pur chardonnay de Legras & Haas. J’adore la vivacité et la force que donne le pinot noir.

Le Château Chalon A et M Tissot 2008 a une forte personnalité et répond au chou. La cuisson du turbot est irréellement belle et a appelé un vin rouge.

Les deux vins du sud, le Domaine de Trévallon 2013 et le Château Simone Palette 2019 sont parfaits pour le homard et le céleri. Deux vins de belles typicités.

La biche appelle l’Hermitage Paul Etienne 1943 qui se révèle transcendantal et très au-dessus de tous les autres vins. C’est un miracle que ce vin totalement épanoui et bâti pour l’éternité.

Un ami avait apporté un Armagnac 1943 que j’ai trouvé particulièrement jeune pour son âge, mais qui a accompagné avec pertinence le dessert au chocolat.

Je suis content d’avoir échangé avec Arnaud Lallement pour ce repas exceptionnel et les vins qui ont suivi le menu se sont montrés pertinents.

Cette ‘escapade’ champenoise avec un dîner chez Krug et un déjeuner à l’Assiette Champenoise fut un beau cadeau pour nos 80 ans.


ouverture de mon cadeau

avec Arnaud Lallement et son équipe

Les vacances commencent mardi, 19 juin 2018

Cap vers le sud ! Après une année ‘scolaire’ plus que chargée en événements où le vin est l’acteur principal, je vais faire une pause de trois mois dans mes quartiers d’été. A peine arrivé, je suis invité chez des amis du sud qui font partie de la « bande du 15 août », composée de sérieux gastronomes qui festoient sur trois jours au milieu du mois d’aout.

Il fait beau et nous sommes proches des journées les plus longues de l’année. L’apéritif se prend sur la terrasse d’où l’on a une magnifique vue sur la presqu’île de Giens, Porquerolles et les marais salants qui relient Giens au continent.

L’amie qui nous reçoit est une excellente cuisinière qui aime interpréter des recettes des plus grands chefs. Elle s’est souvent inspirée des recettes du magazine Thuriès et réussissait des prouesses. Ce soir elle a orienté sa cuisine vers le produit pur, avec la recherche de la lisibilité des plats, ce qui me comble d’aise.

Des minuscules asperges vertes que l’on trempe dans une huile d’olive truffée, des toasts au foie gras saupoudrés de sel et de poivre de Madagascar et des toasts à la truffe noire forment l’essentiel de l’apéritif. C’est succulent. Le Champagne ‘Côte’ Blanc de Blancs Raphaël & Vincent Bérêche 2005 est frais et agréable. Il est droit, lisible et de bonne soif.

Le Champagne Comtes de Champagne Blanc de Blancs Taittinger 2006 est beaucoup plus riche et complet. Il s’installe dans le palais de façon plus confortable. Avec le foie gras, c’est un bonheur.

Nous passons à table. Les gambas grillées sont accompagnées par deux vins dont un que j’ai apporté sans connaître le menu. Le Puligny-Montrachet Premier Cru Clos de la Mouchère Jean Boillot & Fils 2004 qui est mon apport a un nez incroyablement riche et puissant, avec une palette aromatique quasi infinie. En bouche il est riche, gouleyant et d’une folle complexité. Il est exubérant et joyeux.

Le Domaine de Trévallon Blanc Alpilles IGP 2014 est un vin beaucoup plus profond et droit, mais un peu monolithique. S’il était seul, on se régalerait. Mais à côte de la richesse et de la largeur du bourguignon, le Trévallon paraît un peu trop simple alors que c’est un grand vin. Les gambas traitées très simplement s’accordent avec les deux vins.

Le navarin d’agneau en papillote est succulent et lui aussi accompagné de deux vins. Le Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1975 est un achat de notre hôte qu’il a fait sans trop y croire. Il a eu du nez, car ce vin délicat est tout en velours et subtilité. Il a de jolies évocations de truffe.

A côté de lui, le Domaine de Trévallon rouge Vin de pays des Bouches-du-Rhône 2005 est dans la même configuration que le Trévallon blanc. Seul il serait très apprécié, mais à côté de la subtilité du bordeaux, il est lui aussi trop monolithique. Mais on s’en régale.

La tartelette au citron de notre hôtesse, faite selon la recette d’un pâtissier célèbre est un régal absolu. L’ami nous a demandé de faire notre classement des vins et un consensus est apparu sur : 1 – Puligny-Montrachet Clos de la Mouchère Jean Boillot & Fils 2004, 2- Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1975, 3 – Comtes de Champagne Taittinger 2006.

Avec des amis que nous avions plaisir à retrouver les discussions se sont prolongées tard dans la nuit. Les vacances commencent !

Week-end du 15 août – déjeuner chez des amis lundi, 14 août 2017

Le week-end du 15 août est une institution. Sont présents deux amis gastronomes parisiens, un couple d’amis locaux, ma fille cadette ma femme et moi. Ce midi, nous allons déjeuner chez nos amis locaux sur leur terrasse qui surplombe la mer, les îles d’or et les salins d’Hyères. Les vins proviennent de tous les participants.

L’apéritif est tellement copieux qu’il pourrait nourrir un honnête chrétien – ce qui n’est ni un pléonasme ni un oxymore – pendant plus d’un an. Il me faudrait plus d’un bulletin pour nommer tout ce que notre amie a conçu, allant de crevettes, tapas de poulpe, foie gras poêlé au poivre de Madagascar jusqu’à toasts à la truffe d’automne, Lomo, coquilles Saint-Jacques, olives vertes, tapenade à l’intense romarin, purée de pois chiche et tout ce qui se croque ou se grignote.

Le Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle ouvert il y a plus de deux heures est d’une largeur et d’une opulence qui se comparent volontiers à celles du Comtes de Champagne 2005 de la veille. Ce champagne, c’est le gendre idéal, prêt à rendre service à tout le monde. Il est consensuel comme peu de champagnes. J’ai voulu que l’on goûte ensuite un Champagne Lanson Noble Cuvée 1988. Après le champagne si accueillant, il faut s’habituer à la typicité de ce champagne vif, cinglant, et intense. Son nez est d’une grande noblesse, complexe et profond. Ma fille suggère une parenté de goût entre ce champagne et Krug et c’est vrai qu’il est vif et racé dans la ligne de Krug. Immédiatement je pense à Krug 1996 que ce beau Lanson évoque. Sur les toasts au foie gras, c’est une merveille. Un troisième champagne avait été envisagé mais il est raisonnable de l’écarter car la suite sera longue.

Notre amie a réalisé un bar cru façon gravlax à l’avocat qui est une œuvre d’art tant les fleurs comestibles sont jolies et colorées. C’est un Silex Blanc Fumé de Pouilly par Louis-Benjamin Dagueneau 2014 apporté par ma fille qui l’accompagne. La chair du bar est divine. Le vin est agréable mais il n’a pas la tension que j’attendrais d’un Silex. Il lui manque sans doute quatre à cinq ans. L’accord est naturel et pertinent. Nous nous régalons avec ce vin cristallin et cette chair si pure.

Notre hôtesse, notre amie, aime cuisiner selon les recettes de chefs aussi est-ce difficile de lui demander de simplifier ses recettes au profit du vin. Aujourd’hui, elle nous fait une démonstration brillante de sa capacité à s’adapter aux grands vins. Le pigeon est présenté en filets et pastillas pour les ailes et abats, avec une purée façon Robuchon. C’est simple, clair, lisible et goûteux.

Le Château Mouton-Rothschild 1985 a été ouvert à 10 heures. Il est tout en douceur, charme et séduction. Il est de belle structure et glisse en bouche avec délectation. J’ai voulu lui associer un Château Palmer Margaux 1990 que j’ai ouvert à 11 heures. Le niveau était dans le goulot. Sa couleur est plus foncée que celle du Mouton, son goût est plus intense, plus profond, noir de truffe. Ce sont deux vins très opposés, le Mouton dans le charme et la séduction et le Palmer guerrier dans l’affirmation. Le Palmer est plus riche, plus structuré, plus intense et je le préfère nettement mais ma fille préférera le Mouton. Ces deux vins sont très grands et l’accord est d’une grande exactitude, le Mouton plus sur les filets et le Palmer plus sur la pastilla.

Pour les fromages, camembert Jort, chèvre, mais pas pour le gorgonzola nous buvons un Trévallon Vin de Pays des Bouches-du-Rhône rouge 2005 qui est d’une invraisemblable douceur, accompli comme un cercle parfait, rond, équilibré, d’une facilité incroyable tout en étant gourmand. S’il n’y avait pas eu les deux bordeaux auparavant, on se pâmerait devant ce vin accompli. On s’en régale bien sûr.

Le dessert est un « Megève », une meringue au chocolat. C’est un Porto Colheita Krohn 1966 qui l’accompagne. Sa couleur est tuilée, terreuse, indiquant que le vin a sans doute vieilli un peu vite. Son parfum enivre de pruneaux, prunes et café. En bouche il est fort, charmeur, intense de pruneaux et de café.

Notre amie a réalisé une cuisine de très haut niveau qui lui permettrait sans nul doute d’ouvrir un restaurant si elle le désirait. Les vins sont pour moi dans l’ordre suivant : Palmer 1990, Lanson 1988, Mouton 1985 et sur un étage différent et tous ex-aequo, Trévallon 2005, Grand Siècle, Silex 2014 et Porto Krohn 1966. On pourra bien sûr penser que je ne suis pas objectif puisque les deux premiers sont mes vins, mais on dira que je le suis si j’ajoute que ce fut un très grand repas.

Déjeuner chez des amis dans le sud avec un beau vin argentin dimanche, 5 mars 2017

Dans le sud, nous allons déjeuner chez des amis avec qui nous partageons souvent de belles bouteilles en été notamment au grand dîner du 15 août et en hiver au réveillon de fin d’année. Nous serons quatre. Je cherche quel vin apporter et je trouve dans une armoire à vins une bouteille qui m’interpelle. Il s’agit d’un Bramare, Appellation Lujan de Cuyo Cabernet Sauvignon Viña Cobos Argentine 2013. Qui m’a apporté ce vin ? J’ai une petite idée et, de toute façon, ce doit être un amateur de vin. Alors, pourquoi ne pas l’essayer.

Chez les amis, l’apéritif est copieux et l’ami inaugure un cadeau de son fils, une guillotine à découper non pas du jambon mais de l’andouille. Il y a du jambon, des noix, de l’artichaut en crème à tartiner et du chèvre cuit au miel sur un toast entre autres ouvreurs d’appétit. Le Champagne G.H. Mumm Le Rosé sans année se boit mais n’arrive pas à nous émouvoir.

Le Champagne Brut Réserve Bérêche & Fils est à base de 2012 et 2013 et a été dégorgé en décembre 2015. Après le Mumm, sa vivacité est sensible. Le champagne fait des trois cépages à égalité, pinot noir, pinot meunier et chardonnay, a une belle acidité, mais il est quand même peu séducteur et un peu trop strict. Il est probable qu’il deviendra plus avenant avec quelques années de plus. Faiblement dosé, il se boit malgré cela avec plaisir.

Le menu composé par notre amie est : foie gras poêlé sur une purée de butternut / joue de bœuf avec des pommes de terre et une crème de carottes / fromages / fruits exotiques avec crème fraîche et chocolat fondu.

Le Domaine de Trévallon rouge Vin de Pays des Bouches-du-Rhône 2005 est absolument passionnant car son attaque est multiforme présentant plusieurs facettes d’un beau fruit qui varie et, à peine a-t-il délivré son message charmeur qu’il s’arrête et la bouche n’en garde aucune trace. J’ai rarement bu un vin aussi charmeur qui n’a aucun finale.

Ça donne envie d’essayer en même temps l’autre vin ouvert par mon ami, le Château de Pibarnon Bandol rouge 2000 car nous sommes sûrs qu’il aura une longueur remarquable. Le Pibarnon a moins de fruit, moins de largeur dans l’attaque que le Trévallon, mais sa longueur paraît quasi infinie à côté de celle du Trévallon et cela donne plus de charme au Bandol car la persistance en bouche est vive. Le Pibarnon a peu de fruit et expose plus de riches tannins, avec une évocation de café très plaisante.

Ayant servi le deuxième rouge il est tentant d’essayer maintenant le troisième vin. Le Bramare, Appellation Lujan de Cuyo Cabernet Sauvignon Viña Cobos Argentine 2013 titre 15° contre 13° pour Trévallon. Aussi, dès l’attaque, on sent un vin moderne comme il en existe beaucoup. Mais à peine le vin fait-il son entrée en bouche que le miracle se produit. Le finale est d’une fraîcheur mentholée incroyable, qui donne au vin élégance et caractère. Immédiatement je pense à Penfolds Grange et à Vega Sicilia Unico, superbes vins qui ont une telle fraîcheur.

La joue de bœuf de notre amie est d’une légèreté extrême. Elle n’a pas la douceur sensuelle qu’elle peut avoir mais plutôt une rare fraîcheur. La bouche est fraîche après avoir pris une bouchée de joue et avec le vin argentin, cela crée un accord de première grandeur. Ce vin est savoureux, riche bien sûr, avec de beaux fruits rouges et noirs, mais plus encore c’est un vin à la longueur sans limite d’une exquise fraîcheur. L’ami qui m’avait offert ce vin en me demandant de l’essayer m’avait donc fait un très beau cadeau car ce vin boxe dans la cour des grands. Il est le meilleur des trois rouges aussi bien sur le foie gras poêlé que sur la joue de bœuf et que sur un fromage à pâte molle dont j’ai oublié le nom.

Nous avons picoré les fruits exotiques présentés en dés sans les tremper dans le chocolat, en buvant le champagne rosé qui s’est montré plus civil en fin de repas.

 

Dîner du 14 août dans notre maison du sud lundi, 15 août 2016

Le lendemain 14 août, le déjeuner est à l’eau, poulet et salade. A 19 heures, j’ouvre les vins du deuxième « dîner de gala ». Alors que la veille les ouvertures n’avaient posé aucun problème, c’est une accumulation de problèmes aujourd’hui. La qualité des bouchons américains est très faible et les bouchons s’émiettent ou se brisent. Il me faudra un temps fou à sortir celui du Colgin, car la partie inférieure brisée ne veut pas remonter et seules des miettes suivent le tirebouchon. Je n’ai jamais vu une telle difficulté car les résistances à la remontée sont incompréhensibles. Même le bouchon de l’Yquem se brise, tombe dans le liquide et fort heureusement j’ai réussi à le faire ressortir, ce qui a évité une éventuelle contagion de liège. Le temps d’ouverture étant beaucoup plus long que prévu, les amis locaux arrivent alors que je suis en plein travail. Je n’ai pas le temps de ranger mes outils. Ce n’est pas grave

Nous prenons l’apéritif sur la terrasse surplombant le jardin et la mer. Ma femme a prévu des minuscules croissants fourrés de pâté de campagne ou de sardines, une anchoïade divine, la magnifique andouille de Guéméné, partenaire idéal des champagnes, de la poutargue et des olives.

Le Champagne Dom Pérignon 1995 apporté par Philippe montre d’emblée un dosage insistant. Le champagne est bon mais n’a pas du tout la vibration habituelle de Dom Pérignon. Philippe me trouve bien sévère avec ce champagne et il comprendra pourquoi lorsque nous goûtons le deuxième champagne de cette maison qu’il a aussi apporté.

Le Champagne Dom Pérignon Œnothèque 1996 est une merveille. Il a l’attaque que j’adore de Dom Pérignon, romantique et florale. Ce champagne est exquis, gourmand tout en étant gracieux, à la longueur extrême, champagne qui se boit goulûment tant il est bon.

Alors que j’avais prévu un champagne Bollinger Grande Année 1985 pour suivre les deux précédents, je me suis trompé en le prenant dans le réfrigérateur et nous sommes face à un Champagne Bollinger Grande Année rosé 2002. Il n’y a plus la logique de mon choix initial et nous hésitons à le servir. Car il pourrait intervenir sur le pigeon pour tenter un accord couleur sur couleur ou sur les fromages. Mais ce champagne nous surprend tellement par sa qualité que nous en consommons la moitié de la bouteille, juste pour voir. Le champagne est exceptionnel. J’ai rarement bu un rosé de cette personnalité. Il est vif, tranchant, impressionnant et d’un équilibre absolu. Son rose est peu prononcé. C’est un champagne de haute gastronomie et je crois bien que c’est le plus grand vin de ce repas. Nous le retrouverons sur les fromages.

Nous passons à table et alors que les menus avaient été mis au point depuis longtemps, ma femme nous fait une surprise. Sur chaque assiette il y a une cloche en faïence rose constellée d’étoiles dorées. Comme dans les grands restaurants nous levons tous simultanément les cloches en les prenant par leurs tétons et nous découvrons un œuf coque décalotté, posé sur un coquetier rose aux étoiles dorées. Dans la coquille, l’œuf a été mixé avec du beurre, de la poutargue et un sirop de kumquat maison. Je n’étais au courant de rien et c’est délicieux.

Le Meursault Désirée Domaine des Comtes Lafon 1992 est un vin très agréable. Il n’a pas une très grande ampleur, mais il est bien fluide et se boit avec plaisir. Il est vif, de belle minéralité et s’accorde bien à l’œuf original.

Le Corton Charlemagne Bouchard Père et Fils 2008 est un vin que j’adore. Il est romantique comme un champagne et en le buvant, on a l’impression de boire un champagne sans bulle. Il s’accorde particulièrement bien au foie gras qui était prévu comme entrée sur les trois blancs.

Le Chevalier Montrachet Domaine d’Auvenay 2001 est un seigneur. Il a une opulence extrême, vin riche et complexe de haute tenue, fort, impressionnant. S’il plait beaucoup à mes amis, j’ai une préférence pour le Corton-Charlemagne, plus fluide, plus frais et mieux adapté au délicieux foie gras accompagné d’une feuille et d’une fleur d’oxalis.

En plat principal des filets de pigeons sont accompagnés d’un pressé de pommes de terre et d’un pressé de céleri. Il sont associés à trois vins américains et un Frenchie que j’ai ajouté, pour avoir un repère.

L’Opus One 1996 est particulièrement plaisant. Fluide, non marqué par l’alcool il est très agréable à boire, avec des accents bordelais. C’est une très heureuse surprise. Il est très adapté au pigeon.

Le Colgin Estate Cariad 2005 est une bombe. Je m’apercevrai plus tard qu’il titre 15,5° et j’avoue que c’est beaucoup trop pour moi. Il n’y a plus de plaisir quand un vin est monolithique et percutant au-delà du raisonnable, trop fort en bois.

Le Colgin joue un rôle de faire-valoir pour le Harlan Estate 1999 qui apparaît alors comme un vin délicat et chatoyant alors que lui aussi est lourd en alcool, mais y ajoute une grâce qui nous ravit.

L’Ermitage Le Pavillon Chapoutier 1994 a la tâche assez facile après ces trois américains car il est racé, raffiné, très expressif, doté d’une rare longueur. Je n’attendais pas qu’un 1994 soit aussi brillant. Tant mieux ! Il est joyeux, plein en bouche et gourmand tout en étant racé. En fait, sur ces quatre vins, deux se montrent plus avenants, l’Ermitage et l’Opus One. Les vins américains ont montré un visage beaucoup moins flatteur que ne l’a fait le vin italien de grand plaisir, le Sassicaia 2007.

Le Darley, fromage breton à pâte lavée a permis de continuer de boire les rouges, et le reste du Vega Sicilia Unico 1991 de la veille est resté coincé et renfermé. C’est certainement un problème de bouteille. Le Bollinger rosé est tout simplement éblouissant.

Sur les pâtes bleues nous finissons le Gilette Crème de Tête 1971 de la veille qui continue d’être brillant, vif et cinglant et nous profitons du Château d’Yquem 1990. Si le Gilette est tranchant, l’Yquem est opulent, riche, pianotant des saveurs complexes à base de fruits exotiques. Il s’est exprimé sur le Stilton mais aussi sur la tarte Tatin délicieuse, dans un accord couleur sur couleur, même si l’Yquem est beaucoup plus clair que les pommes dorées.

Nous avons tous fini le repas assez fatigués, car après onze vins pour sept buveurs hier il y a eu ce soir onze vins pour six buveurs, ma fille ayant dû nous quitter pour partir demain matin en trekking dans les Alpes de Haute Provence pour plusieurs jours.

Sur deux jours, nous avons bu quelques vins exceptionnels, nous avons profité de la générosité de tous. Qu’on en juge :

Les amis locaux ont offert : Trévallon blanc 2013, Grange des Pères blanc 2012, Sassicaia 2007, Champagne Dom Pérignon 1995, Champagne Dom Pérignon Oenothèque 1996, Opus One 1996.

Les amis de Paris ont offert : Champagne Substance Selosse dégorgé juillet 2008, Gaja Sperss 2011, Vega Sicilia Unico 1991, Château Gilette crème de Tête 1971, Meursault Désirée Domaine des Comtes Lafon 1992, Château d’Yquem 1990.

Tomo a offert : Chevalier Montrachet Domaine d’Auvenay 2001, Colgin Estate Cariad 2005, Harlan Estate 1999.

J’ai complété avec : Champagne Salon 1997 magnum, Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle magnum, Champagne Initial Selosse dégorgé septembre 2011, Champagne Krug Grande Cuvée ancien, Côte Rôtie La Mouline Guigal 2005, Mas Amiel Prestige 15 ans d’âge, Champagne Bollinger Grande Année rosé 2002, Corton Charlemagne Bouchard Père et Fils 2008, Ermitage Le Pavillon Chapoutier 1994.

Le week-end du 15 août est devenu une tradition pour ouvrir de grands vins. Cette édition nous a ravis. Tomo restant un peu plus longtemps que les autres amis avec épouse et enfant, nous avons prévu de mettre un point final à ce week-end avec des vins de concours. Vive l’été !

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Dîner du 13 août chez des amis dimanche, 14 août 2016

A dix-neuf heures précises, je me présente chez les amis qui nous reçoivent pour le premier « dîner de gala » du week-end du 15 août. Par ces chaleurs, il n’est pas nécessaire d’ouvrir les vins quatre heures à l’avance. J’ouvre toutes les bouteilles prévues pour ce dîner, selon la tradition et aussi parce que j’adore ouvrir les vins.

L’ouverture étant faite, Philippe propose d’étancher nos soifs avec un Champagne Egly-Ouriet Blanc de Noirs sans année. Le champagne est agréable, bien typé avec un joli fumé, mais nous nous réservons pour le programme très lourd qui va suivre. Tout le monde est à l’heure à vingt heures. Le programme commence.

Le Champagne Initial Jacques Selosse dégorgé en septembre 2011 est invraisemblablement puissant. Jamais on n’attendrait un « Initial » à ce niveau de force. Le champagne est légèrement ambré, son parfum est subtil et puissant. Le vin est très long, conquérant et guerrier. Il sait aussi être gastronomique.

Le Champagne Substance Jacques Selosse dégorgé en juillet 2008 est très ambré formant un contraste fort avec le précédent. Son nez est beaucoup plus subtil et charmeur que celui de l’Initial. Le champagne est beaucoup moins fort mais plus complexe et plus énigmatique. On est là dans l’âme du travail d’Anselme Selosse car ces complexités et énigmes sont dans le cœur de sa démarche. Décider de préférer l’un ou l’autre de ces deux Selosse et très ardu, tant ils sont dissemblables.

Le Champagne Krug Grande Cuvée est ancien comme en témoigne son étiquette qui a été utilisée de 1983 à 1995. Ce champagne a très probablement trente ans et il est envoûtant de charme. Avec lui on revient dans le monde des champagnes, faciles à comprendre, raffinés à l’extrême. Il est aussi complexe que le Substance mais avec beaucoup moins d’énigmes car on est de plain-pied sur la terre des champagnes nobles.

Ce tir groupé de trois champagnes est exceptionnel et je serais bien incapable de désigner un vainqueur. La matière vineuse du Krug est probablement plus belle que celle des deux autres, du fait d’une plus grande variété de grands crus, mais les trois méritent nos amours.

Pour l’apéritif nous avons pu profiter des talents de la maîtresse de maison qui a fait des tartines de poutargue, des toasts de confiture de framboise et fromage de brebis, du Pata Negra et des petites cuillers d’anchois et caviar d’Aquitaine. Nous nous sommes amusés à doser les proportions entre caviar et anchois car l’anchois est naturellement un rouleau compresseur de goût qui écrase le caviar.

Nous commençons à table par un saumon cuit en papillotes absolument délicieux, garni de champignons. Deux blancs sont côte-à-côte, mais le match n’existera pas. Le Trévallon Vin des Alpilles blanc 2013 a un parfum de grande précision et généreux. En bouche, c’est ce que l’on attend d’un grand blanc, race, opulence, vivacité et une longueur extrême. C’est le gendre idéal.

A côté de lui, le Grange des Pères Vin de pays de l’Hérault blanc 2012 a un nez trop riche et une bouche trop opulente. En voulant trop en faire, il rate sa cible et met en valeur le Trévallon. Servi seul et peut-être dans deux ans pour qu’il s’assagisse, on peut imaginer qu’il devienne un bon compagnon. Mais pour l’heure il ne nous a pas séduits.

Pour la pièce de bœuf aux délicieuses pommes de terre, nous avons quatre vins rouges qui vont aussi accompagner les fromages.

Le Sassicaia Bolgherri 2007 a un nez raffiné. Le vin est extrêmement élégant. Il est racé, n’étale pas trop de puissance, a un beau fruit et une longueur respectable. C’est un vin de grand plaisir.

Le Gaja Sperss 2011 est un vin qui normalement me séduit par son expression de nebbiolo raffinée. Mais là, force est de constater que le vin est coincé et n’ose entrer en scène. Tout au long du repas nous attendrons qu’il se réveille, mais ce ne sera pas le cas.

Le Vega Sicilia Unico 1991 qui est un vin que j’adore est dans le même cas que le Gaja, plat, sans vibration. Bien sûr on perçoit ses qualités qui ne demandent qu’à s’exprimer, car elles sont là. Mais hélas, l’espagnol trop timide ne se mettra jamais au centre de l’arène.

La Côte Rôtie La Mouline Guigal 2005 est le vin que j’ai ajouté aux apports de mes amis. Et chauvin comme je suis, j’ai tendance à le préférer, mais je ne suis pas le seul. Ce vin a tout pour lui. Parfum capiteux, force, puissance, élégance, c’est le bonheur parfait. Il est gouleyant, amical, facile à vivre. Cette année lui réussit à merveille et il est impossible de lui donner un âge tant il est équilibré. C’est du plaisir pur.

En fait la Mouline et le Sassicaia sont deux rouges merveilleux qu’il est inutile de départager, vins d’extrême plaisir. Les vins cohabitent très bien avec un reblochon et avec le Darley, fromage breton à pâte lavée délicieux.

Sur un bleu de Gex et un stilton est servi le Château Gilette crème de Tête 1971 à la couleur d’un or glorieux, au parfum intense, et à la prestance conquérante d’un fort sauternes. C’est un vin de puissance et de conviction. Le stilton est nettement préférable au bleu de Gex avec ce grand vin.

Pour le Megève dessert créé par nôtre hôtesse, fait de meringue et de chocolat, j’ai apporté un Mas Amiel Prestige 15 ans d’âge que je dois avoir en cave depuis plus de vingt ans. Vin délicieux qui évoque le pruneau, riche sans être entêtant, qui se boit avec plaisir malgré tout ce qui a été bu jusqu’à présent.

Sur la terrasse surplombant la mer, par une nuit d’une douceur agréable, sous un ciel constellé d’étoiles, nous avons passé une excellente soirée, avec des chants, des histoires et des rires, une belle cuisine, de beaux vins et surtout une chaude amitié.

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le bouchon du Krug s’est cisaillé et le bas a dû être extirpé au tirebouchon

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Dîner chez des amis mercredi, 13 juillet 2016

Par une soirée très venteuse nous allons dîner chez des amis. Au soleil couchant, le ciel nettoyé par le vent donne aux côtes varoises des îles et presqu’île des couleurs d’une grande beauté. Le Champagne Bollinger Spécial Cuvée Brut sans année donne l’impression d’être particulièrement dosé et cela gêne le plaisir, même si sa belle structure lui permet d’accompagner deux délicieux jambons ibériques et des cochonnailles de la même région. Nous poursuivons par un Champagne Egly-Ouriet Brut rosé grand cru qui a passé 52 mois en cave et a été dégorgé en novembre 2014. C’est un agréable rosé, très consensuel mais qui lui aussi souffre d’un petit manque de vibration. Une tapenade marquée d’un ail insistant tire de belle notes de ce champagne.

Nous passons à table pour une entrée d’asperges vertes et tranches de truffe d’été puis une dorade avec des pommes de terre magiquement goûteuses. Trois vins vont accompagner le repas, deux blancs pour les asperges et le poisson, rejoints par un rouge pour la dorade. Le Domaine de Trévallon blanc 2012 a un nez d’une finesse, d’une complexité et d’un charme qui m’émeuvent au plus haut point. Ce parfum montre un saut qualitatif par rapport aux deux champagnes précédents. Le vin est beau, riche, intense, profond, noble et raffiné. On est aux anges avec un tel vin gourmand et complet. Je pourrais me contenter de m’enivrer de son parfum.

L’ami qui nous reçoit m’avait dit qu’il ouvrirait un Beaucastel blanc vieilles vignes, mais en fait c’est un Château de Beaucastel Châteauneuf-du-Pape blanc 2012. Le nez n’est pas aussi impressionnant que celui du Trévallon mais pour mon grand plaisir, le Beaucastel tient parfaitement sa place à côté du Trévallon. Plus simple, mais droit, généreux, franc, il est aussi goûteux que le précédent. Des petites notes fumées cohabitent bien avec des copeaux de truffe.

Le vin que j’ai apporté est un Rimauresq Côtes de Provence 1992. C’est un splendide vin d’un épanouissement parfait. Il est garrigue ! tout en lui évoque garrigue, olive noire et romarin. C’est le sud comme je l’aime. C’est un grand vin qui est totalement intégré, accompli et montre que les Côtes de Provence de ce niveau vieillissent bien. Il n’est pas apprécié par l’un des amis qui préfère les vins blancs sur le poisson mais je trouve qu’il est remarquable avec la dorade, les pommes de terre dorées au four et un fromage de brebis affiné à la truffe. Sur le bouchon d’une très grande qualité, il y a une scène de vendange assez joyeuse mêlant hommes et femmes, possiblement dénudés. Est-ce justifié d’y voir des allusions érotiques ? Je ne sais pas.

Le dessert est un Megève, dessert au chocolat et à la meringue qui rappelle la meringue chocolatée dont la bienpensante police du langage a imposé un autre nom, le Merveilleux. Nous buvons un Champagne Bérêche & Fils Extra Brut rosé Campania Remensis dégorgé en mars 2015. Précis, net et agréable à boire, je l’apprécie pour sa netteté et une belle longueur.

Ce soir, une fois n’est pas coutume, les trois vins ont surclassé les trois champagnes, le gagnant étant le magnifique Trévallon blanc 2012.

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